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Dominique Richer, SK 82 : "donner-recevoir, c'est la réciprocité".

19 février 2019 Parcours

Directeur Général de Campus Pro, Dominique revient sur son parcours et sa passion pour l'accompagnement professionnel, le fil conducteur de sa carrière

 

Avez-vous toujours travaillé dans l’accompagnement professionnel ?

Pendant mes études au sein de cette belle école, j’ai décidé de devenir commercial. Cette voie m’apparaissait alors comme le plus favorable pour progresser rapidement dans une entreprise. Issu d’un milieu modeste j’étais impressionné par les offres d’emploi et les salaires affichés que je voyais dans les annonces de l’Express ou du Point. Je n’avais aucune idée des métiers à responsabilité possibles dans les entreprises. Je savais qu’être commercial performant permettait de gagner de l’argent. J’étais fasciné par l’idée que l’on pouvait convaincre, faire changer d’avis. J’ai été commercial chez XEROX et j’y ai ressenti sans cesse l’ivresse des commerciaux qui signent, s’éclatent et obtiennent des rémunérations record.

Aujourd’hui je dirige une entreprise commerciale. Celle-ci opère dans l’accompagnement de personnes. C’est devenu mon domaine de prédilection, il répond à mes préoccupations humaines. Dès le début de ma carrière, j’avais décidé de ne jamais vendre de produits ou de prestations telles que de l’alcool, du tabac ou des armes, je ne voulais pas participer à la diffusion de tels produits. Aider des personnes à progresser, à trouver l’emploi qu’ils éprouvent des difficultés à obtenir est enthousiasmant, gratifiant. Il y a 7 ans, j’ai permis à un ami diplômé de l’EDHEC, au chômage, de trouver du travail. Il est encore en poste.

Vous êtes Directeur Général de Campus Pro et en parallèle Fondateur de EFFIJOB Outplacement depuis 3 ans. Pouvez-vous nous présenter les particularités de votre secteur ? Quel challenge devez-vous relever ?

 J’ai fondé EFFIJOB, cabinet d’outplacement en pensant pouvoir concilier ce job avec celui de DG de Campus Pro : c’était un fantasme, une hérésie ! J’ai rapidement dû me concentrer sur la direction de Campus Pro au vu de la complexité de la tâche. Campus Pro facture son activité de formation professionnelle mais nous recherchons aussi entreprises et candidats pour réaliser l’alchimie de nos contrats de professionnalisation. Et ça, ce n’est pas financé ! Un tiers de mon effectif se consacre à cette recherche, sans laquelle on aurait moitié moins de contrats. La complexité de ce modèle économique suscite un seul sentiment auprès de tous nos tiers : l’indifférence totale.   Et pourtant nous rendons service à des milliers de personnes par an. Notre impact sur l’emploi est déterminant. Qui n’a pas des enfants qui ont éprouvé des difficultés pour trouver une alternance ? Et bien c’est pire pour les enfants dont les parents n’ont pas de réseau. C’est là le challenge qui rime avec la solitude du dirigeant.

Quelle est votre plus belle réussite ? Qu’est-ce qui vous anime au quotidien ?

 La question tombe à pic car je me souviens de toutes les réussites et j’en finis par oublier les échecs. Disons que ma plus belle réussite est celle de l’accompagnement de 500 jeunes de milieux modestes au sein du programme émergence de l’association ARELI. Des années après, je suis entouré de médecins, d’ingénieurs, d’experts comptables, de chercheurs, de professeurs, bref, de jeunes qui ont réussi alors que ce n’était pas gagné au départ. J’ai le sentiment, grâce aux informations dont je disposais et des conseils que j’ai donnés, d’avoir généré des changements de trajectoire de vie. Un exemple, Haï Hong, chinoise, arrivée, mineure, sur le sol français. Elle obtient 20/20 en maths au bac S et entre en CPGE MPSI à Faidherbe (Lille). Au bout de la première année, laminée par la difficulté, par son handicap en Français, et complètement désargentée, elle envisage de se réorienter en BTS. Je lui explique que ce n’est pas possible ! Pas possible de gâcher l’opportunité de devenir ingénieur, je l’oriente vers le lycée Baggio. Elle intègre ensuite l’école ECE à PARIS et elle est aujourd’hui ingénieure.  

Très actif dans de nombreuses associations (SKEMA Alumni, Réseau ALLIANCES…), pouvez-vous nous en dire plus sur votre engagement associatif et ce que cela représente pour vous ?

Il arrive un âge où l’on se dit qu’on a beaucoup reçu alors on peut donner un peu, c’est la réciprocité, on commence à le faire avec ses propres enfants puis on se dit qu’on peut aller au-delà. Cela devient un système de vie, on n’attend rien en retour et pourtant on reçoit encore, c’est magique !

 Quel est, selon vous, l’avenir de l’apprentissage en France? 

Tous les politiques nous disent qu’il faut le développer, on regarde l’Allemagne en se disant « Ach, sie machen es prima ! », les entreprises s’engagent dans des programmes RSE, c’est génial ! toujours est-il qu’après 3 ans chez Campus Pro j’attends toujours l’appel d’un dirigeant ou d’un DRH qui me dise « Dominique, j’ai envie de former la jeunesse avec toi… ». C’est dur mais c’est comme ça : mes clients prennent des alternants pour avoir des salariés avec un coût salarial moindre. L’intention de préparer la relève existe peut-être, mais elle n’est pas exprimée. Alors, si on veut booster l’apprentissage, il faut que ce soit facile, et pas cher.

 Quels conseils donneriez-vous à nos diplômés pour être efficace dans son parcours professionnel ?

 Allez, quelques conseils bateaux ? travailler réfléchir, observer, prendre beaucoup de conseils, développer son réseau, être curieux de tout, et surtout de ce qui ne vous intéresse pas (encore), capitaliser sur les expériences, et continuer à apprendre.

 

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