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Interview

Jordan Sabroux (SKEMA 2016) Senior Project Buyer chez Valeo Spain « Multiplier les expériences ! »

04 février 2021 Interview

Jordan Sabroux, promo 2016, nous parle dans cette interview pour SKEMA Alumni de son parcours et de ses expériences professionnelles à l’international.

 

De Paris en passant par Tokyo et maintenant Jaén en Espagne, pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel ? 

Après deux années de classe préparatoire, j'ai pu intégrer SKEMA en 2012 sur le campus de Sophia en L3 puis celui de Raleigh en M1. À mon retour des États-Unis, j'ai rejoint Valeo en année de césure, puis en alternance pour mon Master 2, option BPM (Business and Process Management). Une fois mon diplôme obtenu, Valeo m'a donné l'opportunité de partir en VIE (Volontariat International en Entreprise) au Japon et à Tokyo. Une expérience qui devait durer un an et qui en a finalement duré trois ! Aujourd'hui je travaille toujours chez Valeo mais en Espagne.

Pourquoi avoir choisi l’Espagne ? 

Sur le plan professionnel, dans l'industrie automobile, l'expérience sur un site de production est très valorisée. Dans la région de Jaén se trouve l'un des plus gros sites du groupe, avec plus de 5000 personnes ! Travailler ici est donc l'opportunité parfaite pour avoir une vision plus large des processus industriels.

Sur le plan personnel, après trois années extraordinairement riches au Japon, il était temps d'écrire un nouveau chapitre. L'offre de Valeo était idéale car elle permettait un retour en Europe, plus près de la famille et des amis. Le tout dans un cadre de vie particulièrement agréable, certes différent de la mégalopole de Tokyo, mais au cœur d'une des plus belles régions d'Europe, l'Andalousie ! Enfin, l'apprentissage de l'espagnol était pour moi un plus. 

Avez-vous rencontré des difficultés lors de vos premières expériences professionnelles ?

L'apprentissage a permis une approche en douceur du monde professionnel. Deux semaines à Valeo, une semaine à SKEMA : c'est une formule qui permet de se préparer à son futur métier, tout en étant encore encadré par l'école. Il y a un temps d'adaptation qui peut être assez déstabilisant entre la théorie et la pratique, mais après quelques mois les codes du nouvel environnement sont rapidement intégrés. 

J'ai peut-être eu un peu plus de difficultés lors de mes premiers pas au Japon. Certes, je connaissais déjà l'entreprise, mais l'environnement dans lequel j'ai évolué est totalement différent. On sort de sa zone de confort et le choc culturel est important ! Mais là encore, j'ai eu la chance de rencontrer des collègues, japonais ou français, qui m'ont énormément aidé et appris.

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise en quelques mots, nous parler de votre poste ?

Valeo est un équipementier automobile à la pointe dans l'électrification des véhicules et dans le développement de solutions moins polluantes (Stop and Start par exemple). Les investissements demandés dans ces technologies sont de plus en plus conséquents et complexes, comme la conduite autonome. Dans ce marché ultra concurrentiel, une entreprise comme Valeo se doit de fournir des efforts importants de recherche et développement. Aujourd'hui, Valeo représente plus de 110 000 employés dans le monde et 19,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Acheteur projet au sein d'une équipe composée d'un chef de projet, d'un logisticien et de membres R&D, je suis en charge de tous les achats relatifs à un projet défini. Par exemple, Nissan ou Mitsubishi au Japon, Audi ou Seat en Espagne. Il y a une partie importante de négociation avec les fournisseurs, mais il faut aussi s'assurer que les produits répondent à un cahier des charges précis, à un niveau de qualité irréprochable, et anticiper les crises logistiques assez fréquentes dans mon domaine : l'électronique.

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon Project Buyer ?

Un bon sens de l'organisation ! Il peut se passer jusqu'à deux ans entre le lancement du projet et le démarrage de la production. Notre travail doit scrupuleusement suivre les jalons imposés par nos clients. La pression est forte et il ne faut surtout pas livrer en retard. Il faut avoir le goût de la négociation, que ce soit dans le cadre des discussions tarifaires avec le fournisseur ou en interne. Et enfin une certaine ouverture d'esprit. Mes collègues sont français, espagnols, japonais, indiens ou mexicains, et nos fournisseurs chinois, bulgares ou allemands ! 

Parlez-nous de votre passage à SKEMA : quel est votre meilleur souvenir, qu'est-ce qui vous a plu (un cours, un prof, un projet), y a-t-il un moment marquant dans votre cursus ?

Un cours, celui de négociation !

Un professeur : Elio Di Paolantonio, sur le cours d'histoire américaine.

Un projet : le 4L Trophy assurément ! Notre association (Motorsports), SKEMA ainsi que la plupart de nos camarades nous ont vraiment soutenus Maxime Ben Aim (SKEMA 2016) et moi dans cette aventure. C'est un projet qui demande beaucoup d'investissement personnel et qui génère un peu de stress, mais une fois au volant de sa 4L dans le désert, c'est le bonheur.


Quels conseils pourriez-vous donner aux étudiants ou jeunes diplômés qui souhaitent débuter leur carrière à l'international ?

Le VIE ! Rien d'original dans cette affirmation, mais c'est la voie royale. Il est très difficile par exemple de trouver un premier emploi à la sortie de l'école dans un pays comme le Japon sans parler couramment la langue ou posséder une compétence spécifique. Et les formalités administratives peuvent décourager les entreprises. C'est pour cela que le VIE est une opportunité extraordinaire. Une fois les deux années terminées, il est assez courant de rester dans l’entreprise en contrat local. Ce sont généralement les entreprises du CAC 40 qui recrutent le plus, mais il y a aussi des PME. Le plus simple est de faire déjà partie de l'entreprise (stage, apprentissage, césure). On estime que 25 % des VIE sont décrochés après un stage. Mais pas de découragement, 30 % des départs en VIE se font suite aux offres diffusées sur le site officiel (civiweb). Les secteurs qui emploient le plus de volontaires sont la banque, l'automobile et la pharmacie.

Avez-vous des projets professionnels, des perspectives d’évolution ?

L'industrie automobile est réputée comme l'une des meilleures écoles dans le métier des achats et du management de projet, les perspectives d'évolution sont nombreuses. Ces presque six années chez Valeo se sont enchaînées à une vitesse effrayante ! C'est peut-être le moment de prendre un peu de recul et de réfléchir au sens que je souhaite donner à ma carrière. En regardant autour de moi, je me suis rendu compte que je ne voulais pas encore « m'enfermer » dans un secteur précis. Il pourrait être intéressant de découvrir d'autres industries, comme le retail ou le domaine du sport, voire un autre métier. Idéalement, il faudrait accumuler le plus d'expériences possibles avant de choisir une spécialisation.

Contact : Jordan Sabroux, Senior Project Buyer chez Valeo Spain 

 

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