Benoît Schildknecht (SKEMA 2010), Digital Marketing Senior Director, Dassault Systèmes

Bonjour Benoit, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Bien sûr ! Lorsque j’étais à SKEMA, j’ai effectué ma césure en vente chez P&G qui m’a embauché directement à la sortie de l’école. J’y ai passé six ans dans différents postes commerciaux. C’est là que j’ai constaté le rôle grandissant du e-commerce et du digital. Après P&G, j’ai décidé de réorienter ma carrière vers le digital.

J’ai rejoint Rocket Internet et l’aventure Jumia, une plateforme de e-commerce se voulant l’Amazon africain. J’y ai passé deux ans et demi au Maroc, apprenant les différents métiers du e-commerce tout en adaptant ce modèle au marché local. C’était une expérience très entrepreneuriale.

J’ai ensuite rejoint Groupon, alors cinquième site de e-commerce en France, où j’étais en charge du département gérant les offres nationales.

Depuis 2018, je suis chez Dassault Systèmes. J’ai d’abord travaillé à Londres où j’ai lancé les offres Marketplace connectant nos clients entre eux sur leurs différents métiers. Actuellement, je suis en charge du Marketing Digital au niveau mondial, basé à Vélizy.

Quels ont été les moments clés de votre carrière qui vous ont permis de progresser dans le domaine du marketing digital ?

Chaque poste occupé m’a apporté de précieuses leçons. Chez P&G, j’ai acquis des bases solides et un cadre de travail structuré. L’expérience chez Rocket Internet/Jumia a été particulièrement enrichissante et entrepreneuriale, me permettant d’adapter le e-commerce à un nouveau marché. Chez Dassault Systèmes, j’ai dû ajuster mes méthodes pour un environnement BtoB où les cycles sont plus longs et les produits plus complexes.

Quelles sont vos principales responsabilités en tant que Digital Marketing Senior Director chez Dassault Systèmes ?

Dassault Systèmes opère dans des secteurs variés (manufacturing, sciences de la vie, construction) à l’échelle mondiale. Le rôle de mes équipes de Digital Marketing est de s’assurer de la bonne exécution des campagnes digitales en ligne avec les objectifs que chaque programme marketing peut avoir, le tout dans un parcours utilisateur cohérent.

Nous utilisons diverses tactiques : SEO, SEA, social media, online media displays, programmatique, ABM… L’objectif final est de développer la notoriété de nos produits et d’acquérir de nouveaux clients.

Quels ont été les plus grands défis de votre carrière et comment votre formation à SKEMA vous a-t-elle préparé à les relever ?

Penser "out of the box" a été un élément clé de ma carrière et SKEMA m’a beaucoup aidé en ce sens. La diversité des projets pédagogiques, des professeurs, des associations et des élèves m’a permis d’approfondir cette compétence. En entreprise, chaque poste que vous prenez vient avec un lot de processus et de dogmes hérités. Il est parfois difficile de se dire qu’on peut faire autrement. Penser "out of the box" permet de challenger ce statu quo et de faire grandir les équipes, les missions et l’entreprise. Il s’agit d’utiliser cela avec tact et parcimonie, et de ne pas tout changer tout le temps.

Vous faites partie de la promotion 2010. Pourquoi avoir choisi SKEMA à l’époque pour votre master ?

Je vais passer pour un vieux, mais je suis entré à l’ESC Lille 😊. J’ai choisi cette école surtout lors des admissibles : l’ambiance était bonne, la ville accueillante et les élèves semblaient s’y épanouir plus que dans les autres écoles que j’ai visitées. Quand je regarde les classements de SKEMA aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir misé sur le bon cheval 😉.

Qu’avez-vous le plus apprécié pendant votre passage à SKEMA et quel est votre meilleur souvenir ?

Ce sont des années inoubliables avec de nombreux souvenirs formidables. Il faut vivre ces années d’études à fond. J’ai eu la chance de présider le Bureau des élèves (Esc’alibar, oui oui, on a osé). C’était une aventure humaine incroyable avec les autres membres de l’équipe, les associations, les professeurs, le département communication (Bonjour Monsieur Mendolia 😊) et la direction de l’école. Cela venait aussi avec des responsabilités : gérer des budgets importants, ouvrir la Kfèt tous les jours, la sécurité des élèves, le week-end d’intégration, aider les autres associations, discuter en continu avec la direction, etc.

Mon plus beau souvenir : la cérémonie de clôture de notre année de BDE. Nous avons reçu un hommage spontané et très appuyé de près de 800 personnes dans l’amphi principal à Lille. C’est un moment inoubliable.

Une anecdote marrante : j’étais membre du conseil d’administration lorsque l’on a entériné la fusion CERAM/ESC Lille avec la création de SKEMA. Ma signature est donc à jamais sur le dossier de création de SKEMA Business School !

Quelles compétences techniques et soft skills sont essentielles pour réussir dans le marketing digital ?

Le marketing digital est très tendance mais c’est un métier particulier. Les profils que je vois le mieux réussir dans ce domaine sont ceux qui possèdent les qualités suivantes à plus ou moins haut niveau :

• Être orienté data
• Avoir un goût très avancé pour la technologie et suivre ses évolutions
• Comprendre les schémas probabilistes
• Comprendre les parcours utilisateurs/processus d’achat et les implications dans les choix d’action marketing
• Être bon communiquant pour évangéliser le digital au sein de votre entreprise, surtout dans les grosses structures ou les structures drivées par le "offline"
• Sur des métiers spécialisés comme le Search, il y a aussi un équilibre à trouver entre l’amour des maths et celui de la sémantique.

Enfin, je dis souvent à mes équipes que pour faire du digital, il faut aimer le travail besogneux. Si vous n’êtes pas prêt à changer 300 balises méta ou revoir 200 taglines Google dans la journée, pas sûr que vous aimiez ce job. Je vous rassure, l’IA et les technologies Low code/No code nous facilitent de plus en plus la tâche.

Comment vous assurez-vous de rester à jour avec les dernières tendances et technologies en marketing digital ?

On ne va pas se mentir, c’est compliqué. Nous opérons souvent des changements majeurs basés sur les KPIs du moment en suivant les tendances et technologies actuelles. Cependant, le marché, la technologie et les méthodes évoluent, et il est difficile de suivre ces changements constamment.

Pour rester compétitif : concentrez-vous sur vos utilisateurs finaux. La vérité d’une année ne sera peut-être pas la même quelques années plus tard. Restez en contact avec le marché : lisez la presse spécialisée, participez aux événements, restez connecté aux personnes influentes et à vos clients. Intéressez-vous aux autres marchés même s’ils sont éloignés. Utilisez dès le départ des outils agiles et bien intégrés qui vous permettront de vous adapter aux changements. Discutez avec vos pairs, votre réseau SKEMA, vos anciens collègues.

Petit conseil : comme une immense majorité de votre business sera fait par Google, restez connectés à John Mueller sur X.

Comment encouragez-vous l’innovation et la créativité au sein de votre équipe ?

Ne restreignez pas vos équipes. Je suis mon moto : "Personne ne leur a dit que c’était impossible, alors ils l’ont fait."

Écoutez-les. Cela se fait beaucoup dans l’informel aussi : les discussions à la machine à café, dans les couloirs ou lors du déjeuner.

Formez-les au futur. Si vous êtes persuadé qu’une technologie comme l’IA va révolutionner votre métier, poussez vos équipes à la prendre en main et à la tester. Je vous garantis qu’ils trouveront les meilleurs moyens de l’utiliser.

Quel rôle pensez-vous que les technologies émergentes (comme l’IA et la réalité augmentée) joueront dans le marketing digital ?

Le marketing digital n’est qu’un moyen d’exécution du marketing. La base du marketing est la segmentation d’un marché. Plus vous segmentez votre marché avec précision, plus vous pouvez personnaliser vos réponses et plus vos taux de reach et de conversion seront élevés.

Ces dernières années, nous avons principalement utilisé des données collectées par des cookies tiers pour améliorer la segmentation et la personnalisation. Aujourd’hui, la fin des cookies et l’arrivée de l’IA nous obligent à nous réinventer.

Je pense que l’avenir sera bouleversé par l’arrivée du quantique dans le hardware qui, allié à l’IA et à la data, permettra d’offrir à chaque utilisateur une expérience personnalisée unique en temps réel. Le marketing digital a donc de beaux jours devant lui.

Avez-vous un conseil à donner à nos étudiants et/ou nos jeunes diplômés ?

Voyagez, découvrez différents métiers, prenez des risques dans votre carrière, surtout au début. Cela enrichit votre parcours professionnel.

Avez-vous une devise/un mantra à nous partager ?

De bonnes idées sans une bonne exécution, c’est une illusion.