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Interview

Emmanuel Petit (SKEMA 2006), 8 ans au Mexique avec Nestlé

01 novembre 2021 Interview

Après ses études à SKEMA Business School, Emmanuel commence très tôt à construire une carrière internationale dans le monde de la finance tout d’abord en Suisse chez PwC puis Nestlé. Il intègre finalement le groupe Nestlé au Mexique, où il gravit rapidement les échelons. Aujourd’hui de retour en Europe, il revient sur cette expatriation enrichissante en Amérique latine, et sur les challenges et succès rencontrés lors de son parcours.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours académique ? Pourquoi avoir choisi d’intégrer SKEMA Business School ?

Haut savoyard de naissance et d’origine mexicaine, je me suis expatrié très tôt, avec mes parents, en Colombie, où j’ai vécu pendant 6 ans. J’ai ensuite fini ma scolarité en France, après quoi j’ai intégré une prépa à Grenoble, puis SKEMA Business School à Lille (anciennement l’ESC Lille).

J’ai d’abord choisi SKEMA car je recherchais une formation dans la finance, et l’école proposait un programme qui permettait d’acquérir une double expertise en comptabilité et finance. J’ai aussi beaucoup aimé le fait que l’école encourage à faire des stages très tôt, et qu’elle donne l’opportunité de partir à l’étranger.

La vie étudiante était aussi très active. Je suis d’ailleurs encore en très bon contact avec des camarades de l’école.

Au cours de ce cursus de 3 ans, j’ai réalisé une année de césure au Luxembourg, où j’ai réalisé un stage chez PwC, puis chez Alcan, où j’ai eu l’opportunité d’implémenter les normes SOX. J’ai ainsi eu la chance, en tant que stagiaire, de pouvoir me rendre en Australie, au Ghana, au Canada, au Brésil... C’était une expérience très riche. 

 EMMANUEL PETIT - LINKEDIN
 

Quel a été votre parcours professionnel après SKEMA ?

En 2006, après mes études, je suis parti travailler dans l’audit externe à Genève, chez PwC. C’est quelque chose qui m’a beaucoup plu, c’était très encadré et c’était vraiment un bon moyen de commencer une carrière. J’ai donc eu la chance de trouver mon premier emploi assez rapidement, avant même d’être diplômé.

Deux ans après, j’ai commencé à travailler en tant qu’auditeur interne pour Nestlé.

Pendant plus 4 ans, je me suis donc chargé d’auditer les différentes opérations du groupe, et j’ai là encore eu l’occasion de voyager beaucoup, dans plus de 30 pays à travers le monde : aux États-Unis, au Mexique, en Asie, en Afrique… C’était encore une très belle expérience.

À la suite de cela, j'ai été envoyé au Mexique en tant que Costing manager, toujours chez Nestlé, dans l'équipe de Corporate control.

J'ai pu évoluer rapidement au sein du groupe. Après deux ans et demi comme Costing manager, j'ai été promu comme Supply chain Controller, puis au poste de Financial Services Director où je gérais les opérations comptables, la trésorerie ainsi que la gestion des risques, entre autres, pour en 2019 être transféré comme Corporate Controller pour le groupe Nestlé au Mexique.

Après 8 ans au Mexique, j’ai finalement été promu il y a peu en tant que Head of Finance chez Nestrade, en Suisse.

 

En quoi consiste votre activité professionnelle actuelle ?

Nestrade est une entité légale du groupe Nestlé, qui se charge de gérer tous les achats du groupe à l’échelle mondiale (café, cacao, lait, maïs, packaging, ingrédients…), et dont le chiffre d’affaires est supérieur à 4 milliards de dollars. Environ 80 % des achats du groupe passent par Nestrade. Chaque année, nous achetons pour près de 25 milliards de dollars de matière première et d’emballage.

Notre rôle, c'est d'acheter au meilleur coût possible, mais aussi de s'assurer qu'il n’y ait aucun problème dans la supply chain.

En ce moment, nous réalisons aussi un gros travail autour du développement durable. En effet, Nestlé s’est engagé publiquement à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050. Les ESG (les critères sociaux, environnementaux et de gouvernance) sont donc pris très au sérieux et un gros travail est réalisé à ce niveau-là.

En fait, la plupart des émissions de gaz à effet de serre générées proviennent des matériaux que l'on achète et pas forcément des transports comme on pourrait le penser. Nous sommes donc en train de voir ce qui peut être fait au niveau des achats pour atteindre ces objectifs. Nous avons notamment des engagements en termes de réduction du plastique dans nos emballages. Au Mexique par exemple, 97 % de nos packagings sont recyclables.

Mon quotidien est donc de piloter la partie achat, et je dirais qu’un tiers de mon activité est dédié à avancer dans nos objectifs de sustainability.  

 

Comment s’est déroulée votre expatriation au Mexique ? Quels challenges et sources de satisfaction ont marqué votre expérience ?

Étant moitié mexicain, j’ai été très content d’avoir cette opportunité au Mexique. C’était une réelle chance. J’y avais déjà de la famille et je parlais relativement bien la langue, donc je n’ai pas vécu de choc culturel particulier.

Les Mexicains sont super accueillants, j’ai tout de suite été très bien reçu par tout le monde.

En termes de challenge, je pense que le plus grand a été de s’adapter au niveau du management. Le défi c’est que, j’étais bilingue espagnol, mais j’avais tout de même un mode de management très européen, surtout après avoir été auditeur pendant 6 ans, car c’est un secteur très strict et encadré.

J’ai dû apprendre certaines choses. Par exemple, au Mexique, on aime beaucoup garder une vraie convivialité, faire la causette, parler de choses qui sortent du cadre du travail, faire de longues pauses déjeuner, quitte à finir la journée vers 20h-21h…Je pense que le style de management européen a donc pu paraître un peu “dur”. Il a donc fallu s’ajuster à ce niveau-là. 

De manière générale, cette expatriation était vraiment super, que ce soit sur le plan personnel (j’y ai rencontré ma femme et je m’y suis fait de très bons amis), et professionnel. 

Le Mexique est aussi un marché dynamique, mais pas non plus aussi immense que peuvent l’être les États-Unis par exemple. Il y avait donc beaucoup d’opportunités de croissance. Cela m’a permis d’évoluer rapidement dans le groupe, et de constater, même au début en tant que junior, les changements opérés et l’impact de mes décisions, ce qui n’aurait pas forcément été le cas sur de plus gros marchés.

 

Quelle place tient le marché mexicain chez Nestlé ?

Le Mexique est un gros marché pour Nestlé, très dynamique. Il arrive numéro 5 ou 6 selon les années, après les États-Unis, la Chine, la France et le Brésil...

Au Mexique, on se positionne sur un éventail de produits assez large : le café soluble avec Nescafé ; les produits laitiers avec Lechera ; les sauces Maggie ; les produits Purina (alimentation chien et chat) ; le chocolat (KitKat et les marques locales), et la nourriture pour bébé avec Gerber, entre autres. Toutes les catégories de produits marchent donc assez bien, contrairement à d’autres marchés qui sont vraiment mono-catégorie. 

 



NESTLÉ

Vous avez réalisé plusieurs activités bénévoles au Mexique, pouvez-vous nous en dire plus ?

Nestlé est en effet très impliqué à ce niveau-là localement. Nous avons réalisé un projet appelé Iniciativa por los jovenes (Initiatives pour les jeunes), afin d’aider les jeunes mexicains de 18-20 ans à intégrer le monde du travail. Beaucoup d’entre eux abandonnent en effet l’école, ou ne poursuivent pas d’études supérieures. Nous sommes par exemple allés donner des cours dans plusieurs écoles, avons expliqué comment réaliser un CV, un entretien d’embauche…

Nous avons aussi proposé des opportunités de stages et d’alternance.

De mon côté, je suis également intervenu dans des universités pour expliquer à quoi ressemble le métier en tant que Corporate Controller.

Nestlé a aussi proposé à des professionnels d’accompagner 100 jeunes entrepreneurs dans toute l’Amérique latine. Je suis donc devenu le mentor d’une entrepreneuse en Équateur. Je l’ai accompagnée dans la construction de son entreprise de produits hygiéniques éco-friendly pour femmes et dans le développement de stratégie commerciale et financière. Aujourd’hui encore, on échange tous les mois pour faire le point sur l’avancée de son projet. C’était une très belle expérience, et tous les jeunes étaient super enthousiastes.

 

Auriez-vous des conseils de carrière pour les jeunes diplômés ?

Je pense qu’il est important de réaliser des expériences professionnelles le plus tôt possible, et les plus variées possible, afin de trouver sa voie. Cela permet aussi de connaître ses points forts et de déterminer dans quel secteur et à quel poste on est le plus doué. Même si certains jobs peuvent s’avérer plus « glamour » que d’autres, je pense qu’il est important de rester dans le domaine où l’on est le plus à l’aise, car cela permettra finalement de réaliser une meilleure carrière.

Je pense aussi que partir à l'étranger, que ce soit pendant les études, en stage ou en début de carrière est très intéressant. Je conseillerais d’ailleurs de partir un an plutôt que 6 mois, afin de vivre une expérience plus complète. Une expatriation va toujours être très positive d’un point de vue professionnel. C’est quelque chose que j’ai réellement pu constater pendant mes 8 ans au Mexique. Cela m’a énormément servi, et j’ai beaucoup appris sur le plan managérial.

 

Contact : Emmanuel PetitHead of Finance at Nestrade - Nestlé

Propos recueillis par lepetitjournal.com pour SKEMA Alumni 

 

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