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Entretien avec Anthony Ledru (SK 1995), Président et CEO Americas de Louis Vuitton, figure reconnue et influente de l’industrie du luxe aux Amériques.

14 juin 2016 Parcours

C’est avec passion qu’il nous confie les recettes du succès, ainsi que l'art subtil d'allier modernité et intemporalité afin de conserver à la marque toute son authenticité.

J’ai pratiquement évolué toute ma carrière dans le secteur du luxe. Après quelques années en Argentine et au Brésil en tant que commercial terrain pour Cartier, j’ai ensuite décidé de rejoindre la filiale Amérique du Nord d’abord à Miami puis New York en Janvier 2001.  J’ai eu la chance de pouvoir participer au turnaround de la marque sur les Etats-Unis en tant que Directeur du réseau Retail composé à l’époque de 35 boutiques. Ce fût une expérience formidable au sein d’un comité de direction très uni, à tel point qu’une grande partie de l’équipe démissionna afin de reprendre les reines d’une sublime marque Américaine, Harry Winston. Trois années passées à reconstruire cette belle maison et à sillonner le monde en tant que Directeur Commercial.  Cette aventure se conclut par un rachat du Swatch Group. Je passe ensuite 2 ans chez Tiffany & Co. en tant que Directeur Général pour l’Amérique du Nord et je rejoins finalement Louis Vuitton en Décembre 2014.

Vous occupez un poste de leadership. Comment marquer de son empreinte la stratégie d’une entreprise aussi large que la vôtre ? Quelles sont les priorités à connaître ?

Dans les maisons de luxe les stars sont les marques.  Louis Vuitton est née en 1854 ! Elle était là bien avant nous et survivra longtemps après nous.

Une marque de luxe doit bien entendu évoluer pour survivre.  Louis Vuitton a commencé comme Malletier-Layetier et doit son rayonnement actuel à sa capacité à se réinventer constamment.  Les malles mythiques sont toujours très appréciées de nos clients mais notre offre s’est considérablement enrichie.  L’univers Vuitton c’est la maroquinerie bien sûr mais aussi le prêt-à-porter, la magie des accessoires, les souliers, les montres, la haute-joaillerie…

Notre obsession permanente, c’est d’atteindre la perfection et contrôler notre activité: de la création à la communication en passant par la distribution. Très peu de marques dans le monde du luxe maitrisent ces différentes facettes.  Je pense que c’est ce qui rend Louis Vuitton vraiment unique.

Selon vous, quels sont les défis et enjeux du monde du retail et du luxe dans les années à venir ?

Le principal défi est l’expérience client. Tout le monde en parle mais peu arrive à atteindre un niveau d’excellence et surtout à le maintenir. Cela passe par un service client impeccable : accueil chaleureux et dialogue constituent le succès d’une relation personnalisée.  Le casting est évidemment capital et cela prend du temps pour former une équipe talentueuse et capable de faire rêver… Car c’est bien cela dont il s’agit: créer un environnement extra-ordinaire pour nos clients.

Le deuxième défi de taille est le digital.  Celui-ci est en train de devenir une des clés pour améliorer l’expérience client.  C’est un outil qui permet d’optimiser la visite en magasin, ces deux réseaux sont aujourd’hui d’ailleurs complémentaires et ne font même qu’un. Je pense cependant que les boutiques demeureront un point de passage essentiel car le contact humain reste primordial pour transmettre le savoir-faire derrière chaque création. 

Quelle est la place de l’innovation dans votre industrie ? Votre stratégie à l’égard des nouvelles technologies ?

L’innovation fait partie intégrante de notre industrie, mais le terme qui nous convient le mieux est la créativité. C’est cette capacité à plonger dans les entrailles de la marque pour y puiser son ADN pur. Le défi est de constamment surprendre nos clients tout en préservant l’identité de notre maison.  Il faut savoir jongler avec le passé, le présent et le future.

Etes-vous d’accord avec ceux qui affirment «China is over»? Dans quels nouveaux marchés allez-vous installer et ouvrir de nouveaux magasins ?

La clientèle chinoise reste l’une des plus importantes au monde pour beaucoup de marques de luxe.  Beaucoup de pays industrialisés ou émergents se satisferaient du taux de croissance actuel du PIB chinois. Et le potentiel des années à venir est considérable.  C’est d’ailleurs le cas pour les Etats-Unis également. L’Amérique latine et certains pays africains offrent également de belles perspectives.  Mais notre priorité reste la clientèle locale dans chacun des pays dans lesquels nous sommes implantés.

Enfin, un "big business" peut-il rester une maison de luxe authentique ? Comment ?

Ce n’est pas réellement un problème de taille mais d’état d’esprit à mon sens.  Et l’état d’esprit de la Maison Louis Vuitton, c’est zéro compromis.  Depuis 1854.

Pour conclure, choisissez une voie qui vous passionne réellement car c’est la clé du succès !

Anthony Ledru (SK 1995)
President et CEO Americas de Louis Vuitton

 

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