D'une performance à l'autre : ce que nos sportifs pro apportent au monde du travail

La résilience comme dynamique de progrès avec Rouguy Diallo (SKEMA 2018)       
Athlète, médaillée de bronze aux Championnats d’Europe Espoirs en 2017

En un mot : la résilience ne se limite pas à « tenir bon » face aux épreuves, mais à évoluer et devenir plus forte.

Comment transformer les moments d’adversité en étapes clés pour progresser durablement, plutôt que de simplement les surmonter ?

« Pour moi, l’adversité n’est pas juste un obstacle à surmonter, c’est une opportunité de progresser et de se dépasser. Chaque échec, chaque blessure, chaque moment de doute m’a permis de rebondir et de revenir plus forte. Sans le mental, la réussite est impossible. Ma plus grande force, c’est d’être une bosseuse.

Les contraintes liées à ma carrière sportive ont eu un impact sur mon organisation personnelle. Je me suis posée la question d’abandonner mes études, mais j’ai fini par m’accrocher et obtenir mon diplôme avec le prix d’excellence. Cet équilibre entre le sport et les études m’a appris à gérer la pression et à persévérer. Au-delà du sport, j’ai voulu transformer les difficultés que j’ai rencontrées en opportunités en créant Bookcamp, une plateforme pour faciliter les stages d’entraînement des sportifs.

L’adversité, c’est ce qui forge un champion. Ce qui compte, ce n’est pas seulement de la surmonter, mais de la transformer en une force pour aller plus loin. »

👉 Suivez Rouguy sur Instagram

Redéfinir la performance avec Nicolas D’Oriano (SKEMA 2024)                                         
Nageur, champion de France 2016 sur le 400 mètres 4 nages

En un mot : la retraite d'un athlète professionnel n’est pas seulement une question d’adaptation. Elle implique de redéfinir totalement ce que signifie « être performant », du point de vue de l'individu. 

Comment avez-vous redéfini la performance dans votre nouvelle activité et quels parallèles faites-vous avec votre passé d’athlète ?

« Dans ma carrière de sportif de haut niveau, la performance était une quête quotidienne. Elle se mesurait en longueurs de bassin parcourues, en secondes ou en médailles. Aujourd’hui, en tant que banquier privé, cette notion de performance reste primordiale, mais elle repose désormais sur la qualité du conseil, la recherche de rendements financiers et l’optimisation patrimoniale.

En natation, la performance se joue en un instant, mais repose sur des années de préparation. En tant que nageur, je cherchais à être le meilleur chaque jour, tout en gardant à l’esprit que les Jeux olympiques n’ont lieu que tous les quatre ans et exigent une préparation tout aussi longue. Il y avait donc déjà cette idée de gestion à long terme : trouver le meilleur équilibre entre l’effort quotidien et la nécessité d’éviter le surmenage. Le parallèle avec la gestion de patrimoine est assez évident. On n’investit pas l’ensemble d’un portefeuille boursier en une seule journée, sur une seule action. Il s’agit de maximiser un rendement tout en optimisant la performance sur le long terme.

L’amélioration continue est également un point commun fondamental. En natation, chaque détail compte : la position du corps lors du plongeon, l’efficacité du mouvement, la gestion de la respiration. On passe des années à perfectionner sa technique et à s’adapter aux évolutions de l’âge et du corps. En gestion de patrimoine, l’ingénierie patrimoniale exige la même rigueur : veille constante, adaptation aux évolutions réglementaires et recherche permanente d’optimisation pour accompagner au mieux les clients. Enfin, dans le sport, on fonctionne souvent en binôme entraîneur/nageur. Les relations humaines et la confiance sont essentielles. En gestion de patrimoine, c’est aussi un binôme : gestionnaire/client. On peut dire que je suis maintenant passé de l’autre côté du “bassin”.

Finalement, j’essaie continuellement de transposer ce que j’ai appris dans le monde du sport vers celui de la gestion de patrimoine, où la performance repose non seulement sur les résultats, mais aussi sur l’anticipation, la capacité d’adaptation et la confiance construite sur le long terme. »

👉 Suivez Nicolas sur instagram

Le rôle de la discipline et de la rigueur avec Léa Riccoboni (SKEMA 2018)             
Triathlète professionnelle, championne du monde Ironman amateur Nice 2024

En un mot : ce qui fait tenir le cap malgré la pression, c'est l'organisation, l'engagement, la constance, l'entraînement, et la visualisation.

Quelles grandes leçons tirées de la pratique d’un sport aussi exigeant que le triathlon pourrait-on transposer au monde de l’entreprise ?

« Je commencerais par évoquer la compétitivité, mais peut-être pas dans son sens le plus évident. On pense d’abord à la compétitivité exogène, celle qui dépend de nos concurrents et qui nous pousse à être meilleurs qu’eux. Mais, à mon sens, la compétitivité devrait, avant tout, être endogène ; c’est-à-dire éveiller en nous le désir de se surpasser, de devenir la meilleure version de soi-même.

C’est mon mantra en triathlon : je cherche l’optimisation maximale de mon corps dans un objectif d’amélioration constante de mes performances. Cette quête perpétuelle de progrès est valable dans tous les domaines de la vie et devrait être un moteur puissant dans le monde de l’entreprise aussi.

Un autre enseignement du sport d’endurance : « Seul, on va peut-être plus vite ; mais ensemble, on va plus loin. » L’importance du travail en équipe, avec la complémentarité des talents et l’ouverture d’esprit, est cruciale pour progresser. En entreprise, il est tout aussi essentiel de savoir comprendre les forces et les “faiblesses” de chacun, de les organiser et de les orienter vers un objectif commun, un objectif qui soit gratifiant pour tout le monde.

Deux éléments sont fondamentaux dans tout projet : l’enthousiasme et la discipline. L’enthousiasme est contagieux, il favorise l’esprit d’équipe et permet de créer une dynamique collective. La discipline, quant à elle, forge des habitudes vertueuses sur le long terme et prend le relais lorsque la motivation fait défaut. Ces deux piliers sont nécessaires pour tenir la route, qu’on soit sur le terrain de sport ou dans le monde professionnel. »

👉 Suivez Léa sur instagram

Gérer la pression et les environnements extrêmes avec Benjamin Ferré (SKEMA 2015)
Navigateur et Skipper, 16eme du Vendée Globe 2024, 1er de la catégorie « bateaux à la dérive »                                

En un mot : préparer un projet ambitieux dans un contexte incertain demande une grande capacité d’adaptation. Dans une course au large, comme dans un projet d’envergure, il faut savoir anticiper les difficultés, gérer la fatigue et prendre des décisions sous pression. 

Comment parvenez-vous à garder votre lucidité et à prendre les bonnes décisions dans les moments critiques ?

« La clé pour gérer la pression dans un environnement aussi exigeant que la course au large, c’est l’anticipation. Il faut toujours avoir un coup d’avance, imaginer les scénarios possibles et prévoir des solutions avant même que les problèmes ne surviennent. Cela m’a appris à structurer ma prise de décision et à hiérarchiser l’essentiel, sans me laisser submerger par l’urgence.

La fatigue est un autre défi majeur. Sur un projet de long terme, que ce soit en mer ou dans un cadre professionnel, il est crucial de savoir gérer son énergie et son endurance. J’aborde cela comme un marathon : je garde un rythme régulier, j’accepte que tout ne soit pas parfait, mais je veille à toujours avancer.

S’entourer des bonnes personnes et savoir leur faire confiance est un facteur déterminant. Même si, en mer, je suis seul sur mon bateau, il y a toute une équipe derrière moi qui m’a aidé à me préparer et qui me soutient. Dans un projet d’entreprise, c’est pareil : personne ne réussit seul. Le travail en amont, l’entraînement et l’état d’esprit sont les véritables piliers de la réussite face aux défis. »

👉 Suivez Benjamin sur instagram

Merci à nos alumni pour leurs précieuses contributions et leurs perspectives inspirantes.