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Denis Pellicer (SKEMA 2012), Directeur fiscal en Tax Technology & Accounting, Siemens Energy

20 octobre 2023 Interview

"Profiter des opportunités professionnelles mais être loyal envers son entreprise" : Denis Pellicer, diplômé de la promo 2012 revient dans cette interview sur son parcours dans la Finance.

 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel depuis votre diplôme à SKEMA jusqu'à votre poste actuel de Directeur fiscal en Tax Technology & Accounting chez Siemens ?

J’ai commencé ma carrière professionnelle au sein des Groupes McDonald’s et Quick où j’ai pu découvrir les fondamentaux en matière de fiscalité.

J’ai ensuite eu l’opportunité de rejoindre le Groupe SNCF, là j’ai eu l’occasion de travailler sur des sujets stratégiques de l’entreprise, tel que le passage d’un système de coopération ferroviaire à un modèle d’entreprise ferroviaire unique « THALYS ».

J’ai ensuite intégré le groupe EDF au sein de la Direction du Parc nucléaire et thermique afin de travailler notamment sur les impacts fiscaux liés à la fermeture des centrales thermiques en France et le développement à l’international des activités liées au nucléaire.

L’entreprise m’a donné la possibilité d’un détachement en externe au sein de l’entreprise Technicolor où j’ai pu acquérir des compétences complémentaires en douane ou encore en Tax Technology en collaborant sur des projets de dématérialisation.

Je suis actuellement Directeur fiscal de Siemens Energy, groupe que j’ai rejoint en 2020 pour une création de poste.

 

 

Qu'est-ce qui vous a inspiré pour vous spécialiser dans la fiscalité et la Tax Technology ? Comment avez-vous identifié cette opportunité de carrière ?

Le cœur et la raison ! Les cours de droit des affaires et en particulier de droit fiscal au sein de SKEMA m’avaient particulièrement intéressé. Ce choix de carrière professionnel permettait aussi de mettre en pratique à la fois des compétences en Finance et gestion développées au sein du Programme Grande École de SKEMA mais aussi les compétences juridiques & fiscales développées dans le cadre du double cursus en droit des affaires puis en mastère spécialisé en Fiscalité. Mon intérêt pour la Tax Technology a été stimulé par la complexité croissante des réglementations et le potentiel de la technologie pour les simplifier. J’ai identifié cette opportunité de carrière en observant l’évolution rapide du secteur et en reconnaissant la demande croissante pour des experts capables de combiner la fiscalité et la technologie pour des solutions innovantes.  

 

Vous avez suivi un cursus double diplôme en droit des affaires puis mastère spécialisé en fiscalité en parallèle du PGE. Pourquoi ce choix et qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Le choix d’un double cursus en droit des affaires et en fiscalité a été motivé par mon désir de comprendre les aspects juridiques et fiscaux des affaires et surtout de comprendre comment un parcours juridique pouvait s’inscrire dans la création de valeur ajoutée au sein d’une entreprise. La polyvalence apprise en école de commerce se reflète parfaitement dans le métier de fiscaliste en entreprise. Le fiscaliste pilote les risques de l’entreprise et a une vision transverse des sujets.

 

Quelles sont les principales responsabilités de votre rôle actuel en tant que directeur fiscal ?


Souvent le rôle du Directeur fiscal est perçu comme étant principalement axé sur l’optimisation fiscale, c’est-à-dire la recherche de moyens légaux pour minimer la charge fiscale d’une entreprise. Cependant il est important de comprendre que la réalité est tout à fait différente. Une part importante de notre responsabilité est la sécurisation fiscale. La sécurisation fiscale est cruciale pour éviter les litiges fiscaux et coûteux, ce qui en fin de compte contribue à la stabilité financière de l’entreprise.

Dans un contexte de transformation rapide du groupe et de réformes nombreuses, mon rôle de directeur fiscal est d’accompagner ces changements pour faire en sorte que le groupe puisse continuer à respecter les règles fiscales qui sont de plus en plus complexes.

 

Vous avez, récemment, écrit un article sur les liens entre le droit fiscal et l'audit interne au sein de l'entreprise. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

 

En échangeant avec une relation aussi diplômée de SKEMA qui travaille en audit interne, nous avons cherché en quoi nos deux métiers, bien distincts pourraient avoir des liens. Et, je trouvais l’idée intéressante de voir en quoi deux métiers qui de prime abord n’ont pas de lien entre eux pouvaient avoir des similitudes et être a priori « mal aimés » au sein de l’entreprise car l’audit interne veille au respect des procédures internes de l’entreprise tandis que le département fiscal veille au respect des législations fiscales. Pourtant, ces deux départements peuvent, chacun à leur manière, apporter de la valeur ajoutée à l’entreprise et finissent par être appréciés au sein de l’organisation.

Pour lire cet article (en anglais) : cliquez ici.

 

Quelles compétences et connaissances sont essentielles pour réussir dans ce métier/domaine d’activité ?


Les compétences sont larges. Le fiscaliste est en général un véritable « couteau suisse » car il doit avoir des compétences juridiques mais aussi financières. Le fiscaliste doit savoir déchiffrer des contrats internationaux, et « dans le même temps » réaliser des clôtures en maîtrisant les législations fiscales mais aussi les normes comptables françaises et internationales IFRS. Il faut savoir jongler sur différents sujets, ce qui nécessite une certaine réactivité. La pédagogie et le pragmatisme sont aussi des valeurs importantes car il faut rendre la matière accessible. 

 

Avez-vous rencontré des défis majeurs dans votre carrière et comment les avez-vous surmontés ?


Un de mes principaux défis a été de créer la fonction fiscale au sein de Siemens Energy dans un contexte marqué par une forte transformation du Groupe ainsi que des réformes fiscales nombreuses. Il faut aller vite sur des sujets complexes, ce qui nécessite un investissement important. Une des manières de surmonter ces défis est d’avoir une vision claire de l’objectif. Tous les sujets de l’entreprise étant interconnectés, les process mis en place aident à mieux structurer l’entreprise, ce qui permet ensuite de mieux piloter l’entreprise. C’est difficile au début, mais on entre ensuite dans un cercle vertueux. 

 

Quels sont les aspects les plus gratifiants de votre travail ?


Ce qui rend mon travail particulièrement gratifiant, c’est le fait que sois constamment sollicité pour aborder une variété de sujets complexes et interconnectés au sein de l’entreprise et pour collaborer avec différentes équipes pour atteindre nos objectifs communs. Être considéré comme utile sur un éventail large de sujets témoigne d’une certaine capacité à apporter une valeur ajoutée à l’entreprise. La fonction fiscale se situe au croisement de plusieurs matières et peut donc apporter son aide et son support à plusieurs départements de l’entreprise. Et c’est cela qui fait chaque journée de travail une expérience enrichissante.

 

Comment avez-vous maintenu votre réseau professionnel et vos relations avec la communauté alumni depuis votre diplomation, et en quoi cela a-t-il été bénéfique pour votre carrière ?


Tout d’abord les relations avec la communauté alumni de SKEMA se maintiennent grâce aux amitiés développées au sein de l’école. Les années en école de commerce sont riches en expérience et créent des liens forts.

Ensuite, il peut y avoir des occasions diverses de maintenir des liens avec l’école, comme la participation à des conférences, à des afterworks organisés par SKEMA Alumni ou la participation aux oraux du concours PGE. Je suis toujours curieux de voir l’évolution des aspirations des nouveaux étudiants, tout comme les parcours de ceux qui ont quitté l’école.

Plus récemment, j’ai été mentor pour une étudiante qui ne travaillait pas du tout en fiscalité mais souhaitait travailler dans le secteur de l’énergie et m’avait choisi pour mon parcours au sein d’EDF puis de Siemens Energy.

 

Y a-t-il des ressources, des livres, des sites web ou des formations que vous recommanderiez aux étudiants pour approfondir leurs connaissances dans ce secteur ?


En fiscalité, un ouvrage qui m’a beaucoup aidé en début de carrière est le « Livre rouge » « Fiscalité approfondie des sociétés » car cela couvre tous les domaines, tout en restant accessible, synthétique et surtout avec plein d’exemples concrets pour vraiment comprendre les sujets. Les réseaux sociaux professionnels permettent aussi de se tenir au courant de l’actualité de manière ludique. 

 

Avez-vous des conseils pour les étudiants actuels qui souhaitent suivre une carrière similaire à la vôtre ?


La curiosité ! C’est vraiment nécessaire pour développer ses compétences et se tenir au courant des opportunités professionnelles.

L’adaptabilité, qui n’est pas forcément propre à la fiscalité mais à tous les métiers dans un contexte de mutation.

Le pragmatisme, surtout dans des professions juridiques, car un bon conseil est un conseil « applicable en pratique ».

La loyauté, car le monde professionnel est petit. Il faut savoir saisir les opportunités professionnelles tout en veillant à mener à bien les missions pour lesquelles l’entreprise nous a recruté. 

 

Contact : Denis Pellicer - Directeur fiscal | Tax technology & Accounting - Siemens Energy

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