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Camille Aït-Taleb (SKEMA 2014), Business Owner “Elle investit” : "Bien se connaître pour réussir sa vie"
Quelques mots pour vous présenter ?
Je m’appelle Camille, j’ai 33 ans, j’habite à Paris. Je suis une ancienne consultante : j’ai travaillé pendant 7 ans dans de gros cabinets de conseil tels que Accenture, EY et KPMG à Hong Kong et Paris. En avril 2021, je décide de quitter le conseil et plus généralement le salariat pour me lancer dans l’entrepreneuriat. Je suis désormais la fondatrice de la communauté « Elle Investit » qui promeut l’investissement auprès des femmes.
Quel est votre parcours scolaire et professionnel ?
J’ai eu le parcours type de la bonne élève qui ne sait pas quoi faire et qui vise toujours plus pour être sûre de “s’ouvrir toutes les portes” : j’ai obtenu mon baccalauréat S en 2008 avec mention TB, je suis partie 2 années en prépa ES, puis, j’ai intégré SKEMA en 2010 (campus Sophia-Antipolis). J’ai choisi SKEMA pour 2 raisons : la possibilité de partir étudier en Chine grâce au campus à Suzhou me faisait de l’œil (à l’époque, SKEMA était l’une des rares écoles en France à avoir son propre campus en Chine) et le Master dans le management du luxe me plaisait également.
Je suis partie à Suzhou en M1 et ce fut l’une des expériences les plus mémorables de ma vie étudiante : j’ai été subjuguée par la Chine, sa culture, ses pratiques, le dépaysement total et le fait d’être autant sortie de ma zone de confort. À la suite de cette expérience, je ne cesse chaque année de repartir en Asie pour voyager et découvrir ce continent si riche en différentes cultures éloignées de la mienne.
A l’issue de mon M1, je ne savais toujours pas ce que j’avais envie de faire donc j’ai choisi d’intégrer pour la dernière année le Master Business Consulting (à l’époque dirigé par Corinne Hirzmann) car c’est un secteur porteur (beaucoup d’emplois et de belles évolutions de postes et de salaire à la clef) et aussi parce que le conseil est un métier très large qui continue de “m’ouvrir des portes” et m’évite d’avoir à me spécialiser et à faire des choix.
Sortie de SKEMA, j’intègre en septembre 2014 le cabinet EY à Paris - la Défense où je vais travailler 3 ans en tant que consultante sur des projets de stratégie commerciale et d’amélioration de l’expérience client.
En 2017, je démissionne du bureau d’EY Paris et postule au bureau d’EY Hong Kong où je suis acceptée et où je vais partir vivre pendant 1 an et demi. Depuis mon passage sur le campus SKEMA à Suzhou, j’avais gardé en tête l’envie de repartir vivre en Asie !
Expérience incroyable : Hong-Kong est le juste milieu entre la Chine ultra dépaysante et ma zone de confort occidentale auquel je suis habituée ! Le weekend, je profite des plages incroyables de HK, de ses îles et de ses montagnes pour faire de la randonnée et passer du temps dans la nature. Je voyage aussi beaucoup en Asie à ce moment-là (Japon, Corée Sud, Inde, Philippines, Chine, Indonésie, etc.)
Je reviens à Paris début 2019 et j’intègre le cabinet KPMG où je vais rester 2 ans. Les premiers mois ont été gratifiants car on me confiait plus de responsabilités, mon management me faisait confiance et j’étais libre de gérer mes missions et mes équipes comme je le souhaitais. La lune de miel a rapidement pris fin lorsque j’ai été placée quelques mois plus tard sur un projet dont la finalité ne faisait aucun sens pour moi et qui requérait une totale abnégation de ma vie personnelle pendant 3 mois. Horaires interminables (parfois jusqu’à 2h du matin sans même prendre le temps de dîner), déplacements toutes les semaines dans une zone industrielle au milieu de nulle part, imprécisions des demandes du client, confusion totale de l’équipe sur le travail à faire, etc. Un ENFER !
Comment et pourquoi passe-t-on d’une carrière de salariée très prometteuse à freelance ?
En fait j’ai toujours su (au moins inconsciemment) que je n’aimais pas le conseil (et plus généralement que je ne m’épanouissais pas dans le salariat). J’avais l’impression de travailler sur des sujets abstraits, très loin de la réalité et pour la plupart qui ne seraient jamais mis en application par nos clients. Je passais ma journée à remplir des powerpoints et des fichiers excel enfermée dans une tour de 9h à 20h. Je travaillais pour des managers et des clients aux méthodes de travail très éloignées des miennes et avec des valeurs qui ne me correspondaient pas (exemple : le présentéisme, cette nécessité de rester tard au travail même sans rien avoir à faire juste pour se montrer et prouver que l’on est impliqué).
Le 13 décembre 2019, après la fameuse mission dont j’ai parlé plus haut, j’ai une prise de conscience soudaine. Ce jour-là, je me fais une promesse à moi-même : avoir quitté mon job dans les 12 mois qui suivent soit le 13 décembre 2020. Mon objectif : trouver une activité qui me correspond davantage et qui soit plus alignée avec mon mode de vie et mes réelles envies.
La première chose qui me vient à l’esprit est “OK je veux sortir de ce cercle infernal en quittant mon emploi mais… comment je vais faire pour vivre ensuite !?” Autrement dit, comment sortir de cette cage dorée dans laquelle je vis depuis 7 ans !? Parce que oui je déteste mon métier mais je ne peux pas nier qu’il m’apporte un certain confort de vie et qu’il me permet de réaliser la plupart de mes envies sans trop me poser de questions.
La question financière reste en suspens plusieurs jours dans ma tête jusqu’à ce que je tombe sur l’interview d’un investisseur immobilier à la TV qui s’est lancé en autodidacte il y a plusieurs années et qui génère maintenant une rente lui permettant de vivre de ses investissements.
Cette interview provoque un déclic chez moi : et si j’utilisais ma capacité d’emprunt pour investir dans de l’immobilier locatif pour créer une petite rente me permettant de vivre le temps de trouver un métier qui me convienne davantage ? Ni une ni deux, je contacte l’investisseur pour participer à son programme de formation en immobilier.
Ce fut l’une des meilleures décisions de ma vie :
- 2 mois plus tard je trouvais l’immeuble de rapport que j’allais décider d’acheter…
- 10 mois plus tard je signais chez le notaire et avais le trousseau de clefs en mains…
- 11 mois plus tard les travaux commençaient…
- Et enfin 18 mois plus tard les locations démarraient !
- 1 an et demi après avoir visionné cette interview à la télé, ma première rente immobilière rentrait sur mon compte !
Investir dans l’immobilier m’a permis de quitter mon travail. Suite à cela, j’ai entamé un bilan de compétences qui m’a permis de réaliser une chose : que le travail n’était pas (et n’avait jamais été) important pour moi. Je ne suis pas le genre de personne qui se réalise en travaillant, je n’ai pas besoin d’un poste ni d’un statut social. Je prends conscience à ce moment-là que mon seul objectif de vie est de profiter de ma vie personnelle, avoir du temps pour faire des choses vraiment importantes pour moi : voir ma famille, lire, voyager, cuisiner, jardiner, etc.
La question qui se pose donc à moi à ce moment-là est : OK mais comment je fais pour financer ma vie personnelle ? C’est à ce moment-là que je décide de créer un “système” qui me permettrait de générer des revenus sur la base de mes compétences de manière semi passive/automatique. L’immobilier est un pan de ce système et j’ai donc décidé d’en construire d'autres via l’entrepreneuriat.
En plus, il n’est pas envisageable pour moi de retravailler en équipe, avec un management qui ne partage ni mes méthodes de travail ni mes valeurs.
Bref, l’entrepreneuriat m’est apparu comme l’option qui me correspondait le mieux !
Comment est née l’idée de « Elle investit » ?
Lorsque je parlais de mon projet immobilier et du fait que mes revenus immobiliers m’avaient permis de quitter mon job, cela soulevait beaucoup d’intérêt des femmes autour de moi : mes amies, ma famille, mes anciennes collègues, etc. Je me suis dit “si autant de femmes autour de moi sont intéressées par mon parcours, il y a sûrement plein de femmes que je ne connais pas qui le sont aussi” donc j’ai décidé d’élargir mon audience en créant le compte instagram @elle.investit
Que retenez-vous de ce parcours entrepreneurial depuis que vous avez quitté votre emploi de salarié ?
2 mots qui se positionnent chacun des 2 côtés de la balance : LIBERTÉ et INSÉCURITÉ.
La liberté de travailler sur ce qui m’intéresse, quand je veux, d’où je veux (je suis notamment partie vivre quelques mois à Bali).
Et d’un autre… l’insécurité (surtout aux débuts lors de la 1ère année) liée au fait de ne pas savoir ce qui va tomber à la fin du mois. Fini le confort du CDI et du salaire qui tombe quoi qu’il advienne. C’est à moi de me bouger pour créer mes revenus.
Personnellement, j’y trouve mon compte car la liberté est plus importante que tout pour moi mais je comprends que certains préfèrent la sécurité du salariat.
Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier actuel/votre vie actuelle ?
Lorsqu’une client ou simplement une femme qui me suit sur instagram vient me voir pour me dire que grâce au contenu que je créé ou à l’une de mes formations elle a eu un déclic, elle a osé quelque chose, c’est vraiment le plus gratifiant !
C’est quoi la leçon de vie que vous tirez de ce changement de cap radical que vous avez opéré ?
On peut réellement vivre de ce que l’on aime faire à partir du moment où l’on s’en donne les moyens.
Il n’y a pas qu’un seul chemin tout tracé à suivre : étude → diplôme → carrière → promotion.
N’importe qui peut sortir de ce schéma et se demander dans quoi est-ce que je suis réellement bon, quelle est ma zone de génie, qu’est-ce que je peux apporter aux autres ? Et ainsi vivre de ses vraies compétences.
Quel est l’apport de SKEMA dans votre projet ?
Le réseau que m’a permis d’avoir SKEMA :
- les personnes rencontrées à SKEMA
- mais aussi les très belles entreprises dans lesquelles j’ai eu la chance de travailler grâce à SKEMA et d’élargir mon réseau
Et aussi je dirais : la confiance en moi que mon parcours m’a donnée. C’est dur à qualifier mais je pense que je ne serais pas autant confiante si je n’avais pas suivi cette formation et travailler dans ces grosses entreprises.
Quelles sont vos attentes par rapport au réseau des anciens/école ?
S’entraider, promouvoir les projets des uns et des autres et SURTOUT montrer à la nouvelle génération de SKEMIENS (via des talks, des conférences, etc.) qu’il est possible d’emprunter sa propre voie et de ne pas se cantonner à un cadre défini par la société.
Un conseil à SUIVRE pour devenir entrepreneuse ?
Soigner son entourage !!! Il a été primordial pour moi et m’entourer de gens qui croyaient à 1000% en moi (souvent plus que je n’y croyais moi-même !). Ce sont eux qui m’ont permis d’oser me lancer et de croire au succès de mon projet. On sous-estime trop souvent l’influence (positive comme négative) que les proches peuvent avoir sur nous (la plupart du temps de manière inconsciente). Donc avant de se lancer : on fait l’impasse sur les pessimistes, les défaitistes et les envieux qui nous entourent et on va chercher la compagnie des optimistes, des ambitieux et de ceux qui sont déjà passés par-là !
Le mot de la fin…
Trouvez votre zone de génie, apportez aux autres en faisant ce dans quoi vous êtes VRAIMENT bon !
Contact : Camille Aït-Taleb - Entrepreneuse "Elle investit" | Consultante freelance