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Mathieu Merian (SKEMA 2022), l'ingénieur du possible

31 janvier 2025 Interview
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Quand Mathieu Merian parle d’impression 3D, son regard s’illumine. Pour lui, cette technologie n’est pas qu’un simple outil : c’est une révolution, un moyen de donner du volume aux idées, de concrétiser l’impossible. À 22 ans, il est à la tête de Somanity, une start-up qui ambitionne de changer la vie des personnes en situation de handicap moteur grâce à des exosquelettes imprimés en 3D. Un projet né d’une rencontre, d’un besoin, et surtout d’une conviction : l’innovation doit être au service des autres.

Le bricolage en héritage

Tout commence dans un atelier, dans le sud est de la France quelque part entre Nice et Sainte-Maxime. Mathieu est encore enfant quand - après l'école - il se faufile rejoindre son grand-père Gérard, ingénieur et inventeur à ses heures perdues. Entre les établis encombrés et l’odeur du métal usiné, il apprend à manier le fer à souder, assemble des circuits, bricole des lampes et construit des systèmes de communication en morse. Une fascination pour la création qui le poursuivra toute sa vie.

 

Mais à l’adolescence, fabriquer des objets ne lui suffit plus. Il veut aller plus loin, donner forme à des idées plus complexes. Et c’est là, devant un reportage au JT de 20h, qu’il découvre l’impression 3D. Une révélation. À Noël, il demande à ses parents des pièces détachées pour fabriquer sa propre machine. À 16 ans, il pousse les portes d’un fabricant niçois d’imprimantes 3D pour son premier stage. Pendant deux mois, il plonge dans les filaments, les matériaux, les logiciels de modélisation. L’apprentissage est intense, et surtout, il découvre un univers qui le passionne autant que la technologie : l’entrepreneuriat.

 

 

Donner du volume aux idées

À 17 ans, Mathieu crée My3D, sa première entreprise. Son offre : donner à  chacun la possibilité de prototyper ses idées grâce à l’impression 3D. Rapidement, il réalise le potentiel de son outil dans le domaine médical. Il fabrique une prothèse de bras pour un ami de la famille amputé, puis, pendant la crise du Covid, rejoint un collectif de makers varois pour produire des milliers de visières et de protections pour les soignants.

 

Mais l’impression 3D a encore plus à offrir. En 2020, un ami atteint de sclérose en plaques lui confie un rêve : remarcher. Le constat est brutal : un exosquelette coûte 250 000 euros, un prix inaccessible pour la majorité des patients. Mathieu se lance un défi fou : construire le premier exosquelette imprimé en 3D, à un prix bien inférieur. De cette idée naît Somanity, une start-up qui ambitionne de rendre la mobilité accessible à tous.

 

De l’atelier familial à l’espace

Aujourd’hui, Somanity, incubée par l’Agence Spatiale Européenne, ne se contente plus de la rééducation médicale. L’entreprise explore des applications industrielles et spatiales, et Mathieu dirige une équipe qui ne cesse de croître. Son premier exosquelette médical est en passe d’être homologué, et la prochaine version pourrait révolutionner le quotidien des personnes en situation de handicap.

 

SKEMA a joué un rôle clé dans son parcours. C’est dans un cours d’entrepreneuriat que le premier prototype a vu le jour, et c’est grâce au statut étudiant-entrepreneur qu’il a pu mener de front études et business. Aujourd’hui, il donne régulièrement des conférences pour inspirer les nouvelles générations. Son ambition dépasse la simple réussite entrepreneuriale : il veut redéfinir l’impact social de la technologie.

Inventer un futur plus humain

Mathieu voit loin. Il a segmenté le développement de ses activités sur deux grands axes

  • Somanity Motion, spécialisée dans la distribution d'exosquelettes industriels destinés à prévenir les troubles musculo-squelettiques (TMS) et à réduire la pénibilité du travail. Ces solutions sont conçues pour les secteurs exigeants tels que la logistique, l’industrie et le BTP, où elles permettent d’éviter les douleurs lombaires et les blessures liées aux efforts physiques répétés.
  • Somanity développe des exosquelettes médicaux visant à redonner de la mobilité aux personnes en situation de handicap. Grâce à des technologies avancées, ces dispositifs permettent aux utilisateurs de remarcher et retrouver de l’autonomie, offrant une véritable alternative aux fauteuils roulants pour les personnes atteintes de déficiences motrices. 

 

Derrière le passionné de technologie se cache un humaniste. Pour lui, l’innovation n’a de sens que si elle améliore la vie des autres. Et si l’impression 3D lui a offert un terrain de jeu infini, c’est bien l’humain qui guide chacun de ses projets.