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Comment investir dans les montres de luxe peut être une opportunité de diversification de placement ?
Au sein de la prestigieuse boutique de Tiffany & Co située en plein cœur de Genève, Nicolas Beau, vice-président Tiffany Horlogerie et Rémi Guillemin, Head of Europe, watches department Christie’s, ont dévoilé aux diplômés de Genève et au Club Luxe leurs expertises quant à ce marché porteur, à appréhender comme un élément de portefeuille de placement diversifié lors d'un évènement grandiose le 13 mars 2024.
Emeric Delporte (SKEMA 1997), co-fondateur & associé d’Authentic Capital spécialisé dans la gestion de fortune et conseil patrimoniale à Monaco et en Suisse, ainsi que Fabienne Buon, Coordinatrice réseau et évènements France et international SKEMA Alumni, ont accueilli deux intervenants de renom.
Un marché observé à la loupe
La montre est un objet qui traverse le temps depuis des générations. Elle est au cœur de l’Histoire, témoin de l’évolution du monde et suscite à notre époque un intérêt grandissant en termes de collection et investissement. Ainsi, il est primordial de comprendre l’histoire de chaque maison horlogère, de chaque objet de luxe pour en appréhender sa valeur contemporaine.
Au cours de cette soirée, Rémi Guillemin de la maison Christie’s a dévoilé les grandes notions à prendre en compte.
Fondée en 1766 à Londres, la maison de vente aux enchères Christie’s est dotée aujourd’hui d’un département horlogerie qui rassemble 13 personnes sur tous les continents. Un département international qui accompagne régulièrement les collectionneurs avertis et clients du monde entier.
Chaque année, 8 ventes sont organisées à New-York, Genève, Dubaï et Hong Kong.
« A ces occasions nous avons tendance à observer une présence conséquente des marques Patek Phillipe, Rolex et Audemars Piguet », constate Remi Guillemin qui assure que toutes ont un point commun à appréhender : « leur rareté, la condition et la provenance des pièces ».
Pour chaque modèle, ces paramètres sont à étudier méticuleusement pour en déterminer le prix. « On se pose alors les questions suivantes : Ont-elles été restaurées ? Est-ce l’état d’origine ? La production est-elle limitée ? Dans quel contexte ont-elles été produites, etc. »
Tiffany & Patek, une histoire de poignée de main
Dans l’univers du luxe, il est souvent question de rencontres. Celle entre la maison Tiffany et l’horlogerie Patek en est un « prestigieux exemple » comme l’a rappelé Rémi Guilllemin.
« En 1851, Charles Lewis Tiffany serre la main d’Antoine Norbert de Patek », résume à son tour Nicolas Beau, Vice-président Horlogerie de Tiffany & Co. « C’était un inventeur, amoureux de l’Europe et grand homme d’affaires qui a senti l’émergence du marché du luxe aux États-Unis ». « Visionnaire, il ainsi décidé ainsi de proposer aux riches familles américaines ce qu’il y avait de plus beau en Europe, en matière de bijoux, d’orfèvrerie, d’objets de décoration et d’horlogerie.», précise Nicolas Beau.
« Il y a eu ainsi des commandes conséquentes pour le marché américain avec la particularité de la double signature de l’objet Patek Philippe et Tiffany quand celui-ci était vendu sur le sol américain », abonde Rémi Guillemin.
Ainsi parce qu’elles sont rares, parce que leur provenance ou leur histoire sont exceptionnelles, ces montres affichent des valeurs sur le marché en constante hausse et sont très recherchées par les collectionneurs. Ceux-ci y voient des objets d’exceptions, témoins et acteurs même de l’histoire de l’horlogerie mondiale.
La montre, plaisir universel
« En 2021, le rachat de Tiffany par LVMH a permis de redonner depuis Genève, le berceau de la marque, son élan historique », poursuit Nicolas Beau, qui est passionné par les montres joaillères.
« Pour beaucoup, l’horlogerie, est un marché masculin ou au mieux mixte, c’est beaucoup plus que cela » Les femmes sont souvent mal comprises par les horlogers traditionnels.
Selon lui les principaux moteurs d’achats des femmes sont :
- La marque : « Il n’est pas différent de celui des hommes et arrive en numéro 1 »
- Le style : « Il arrive directement en deuxième position pour les femmes alors que c’est souvent le mouvement qui est préféré chez les hommes ».
- Le mouvement : « Le mouvement vient en troisième position, il est alors déterminant pour trancher de manière ultime entre deux modèles.
Rappelons que le mouvement est intimement lié au style de l’objet, à ses dimensions. C’est le style qui détermine le type mouvement. Il est alors question souvent de quartz pour des raisons dimensionnelles évidentes. Le marché féminin n’est « pas suffisamment étudié » selon Nicolas Beau.
« Certains horlogers pensent qu’une petite montre avec des diamants, est la bonne réponse, je crois que c’est une erreur. Les femmes ont la chance de pouvoir porter tous les styles. C’est un marché magnifique, dans lequel la créativité de Tiffany s’exprime depuis bientôt 175 ans », confie Nicolas Beau.
Questions-réponses à Nicolas Beau :
- Qui sont vos concurrents ?
Les grands joailliers comme Bulgari, Van Cleef ou Chopard ;
- Que pensez-vous des matières premières durables et des pierres de synthèse ?
Nous sommes très à la pointe concernant l’approche durable en matière de pierres. Il y a des pierres qu’on ne se procure pas, parce qu’elles proviennent de territoires qui ne respectent pas les droits fondamentaux. Concernant le diamant de synthèse, personnellement, je n’y vois aucun intérêt. Le rêve d’un diamant, c’est celui d’une pierre qui sort de la terre, près d’un volcan, fabriqué dans le temps par la nature et rien d’autre. Sur le point de l’investissement, investir sur un produit dont il est écrit que sa valeur baisser au fil des années me semble une drôle d’idée.