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David Benattar (SKEMA 1995) Directeur du développement durable dans l'un des plus grands groupes de Nouvelle Zélande
David Benattar (SKEMA 1995) a passé 20 années à New York d’abord au sein de la marque de cosmétique Aveda (Estée Lauder) puis dans le conseil sur le développement durable et enfin dans la transformation digitale. À travers ce parcours, il a pu comprendre tous les enjeux du développement durable. Arrivé en Nouvelle-Zélande en 2016 au sein du Warehouse Group, ce Français en est depuis trois ans le Chief Sustainability Officer.
Bonjour David, pouvez-vous nous expliquer le rôle de Chief Sustainability Officer au sein du Warehouse Group ? En quoi est-il si important aujourd'hui ?
Aujourd'hui, il n'y a pas une seule entreprise et un seul secteur d’activité, qui n'est pas impacté par les bouleversements du changement climatique et les enjeux du développement durable, que ces enjeux soit sociaux ou environnementaux. En tant que plus grand groupe de distribution néo-zélandais, nous faisons le lien entre nos fournisseurs et les consommateurs. Nous avons un regard et un impact sur toute la chaîne de valeur. Cet impact est le résultat de nos politiques d’approvisionnement, de nos méthodes de transport et livraison, de nos engagements communautaires, la formation de nos employées, et bien entendu nos prises de position, notre communication sur ces thèmes porteurs. Mon rôle consiste à traduire ce portfolio et cette empreinte en risques et opportunités pour l'entreprise. Il s'agit à la fois d'un rôle d'éducation, mais aussi de coordination avec les différentes parties prenantes, un rôle de stratégie et de conseil.
Il pourrait paraître paradoxal de parler de développement durable au sein d'un groupe issu de la grande distribution. Que répondriez-vous à d'éventuels détracteurs ?
En effet, certains ont cette impression, car nous sommes un acteur clef de la grande consommation. C’est justement à cause de ce rôle et de notre d'influence dans le pays qu’il est primordial que les considérations sociales et environnementales soient au cœur de la stratégie et des dispositifs de prise de décision de l'entreprise. Cela requiert des outils, des savoirs, des investissements et des équipes au service de cette mission.
De nos jours, grâce notamment à l'évolution des mentalités, le travail des médias, des activistes et bien entendu des nouvelles attentes des consommateurs, c'est au cœur de l'entreprise qu'il faut être pour l'aider à redessiner son modèle économique et à faire du développement durable un outil de transformation et de performance, un levier de compétitivité. Le développement durable a aujourd'hui un rôle clef dans la grande distribution, la finance, l’énergie, les transports ou le bâtiment parmi d’autres. Ce rôle ne sera plus essentiel, le jour, où le développement durable sera une seconde nature. Cela s'appelle un capitalisme éclairé, aujourd'hui, nous sommes entre un système traditionnel et un système conscient.
Vous avez participé l'année dernière à la COP26. Quelle été la raison de votre présence à cette conférence mondiale sur le climat ?
Je suis allé à la COP26 pour représenter d'une part le Warehouse Group, mais aussi le Climate Leader Coalition, ce regroupement d’entreprises qui représente 60 % des émissions de gaz à effet de serre en Nouvelle-Zélande. Cette coalition de membres signataires s'engagent à un certains nombres d'actions pour réduire leurs émissions et décarboner leurs chaînes de valeurs.
Ma mission était d'apprendre et de rapporter ce qui se fait de mieux sur l'action au niveau du changement climatique, rencontrer des partenaires potentiels, comprendre les nouvelles technologies, les nouveaux modèles financiers et économiques. L'action contre le changement climatique est une action qui demande la mise en place de partenariats. C'est aussi pour cela qu'il est important d'être représenté là-bas. Le monde de l’entreprise avait en effet une forte présence.
Quel est l'impact de la COP26 sur le business en Nouvelle-Zélande ?
La Nouvelle-Zélande a revu à la hausse ses budgets et son engagement pour réduire ses émissions de gaz à effets de serre de 50 % d'ici 2030. Le pays a signé un accord pour réduire de 30 % ses émissions de méthane, celle-ci venant principalement du secteur agricole. La Nouvelle-Zélande est aussi le premier pays au monde à avoir rendu obligatoires la mesure et la communication des risqués liés au changement climatique par les banques, les institutions financières et les entreprises publiques.
Pourquoi est-il primordial pour les entreprises d'entreprendre des actions pour lutter contre le changement climatique ?
D’abord, notre planète est en danger. De plus, ayant de plus en plus conscience de ce danger, les consommateurs vont récompenser les entreprises qui s'engagent et les investisseurs vont récompenser les projets qui ont un impact positif. Si une entreprise ne reconnaît pas cette évolution de l’attente des acteurs économiques, elle court le risque de devenir insignifiante. Cela devient donc un risque commercial.
Contact : David Benattar Chief Sustainability Officer - The Warehouse Group
Interviewé par lepetitjournal.com pour SKEMA Alumni