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Mohamed Ali Jebira (SKEMA 2002) : une brillante carrière dans le conseil, entre Tunis et Kinshasa

24 décembre 2024 Interview
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Diplômé de SKEMA Business School en 2002, Mohamed Ali Jebira est aujourd’hui associé chez Deloitte. Il revient sur son expérience académique, les moments forts de sa carrière internationale et nous raconte son quotidien professionnel, entre Tunis et Kinshasa.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours académique ?

 

De nationalité tuniso-italienne, j’ai grandi en Tunisie où j'ai fait toute ma scolarité au Lycée français Pierre Mendès France de Tunis. Après le bac, je suis parti en France pour poursuivre mes études à l'Université des Sciences sociales de Toulouse, où j'ai obtenu une licence en sciences économiques. J’ai ensuite décidé de passer les concours parallèles pour intégrer une école de commerce et j’ai rejoint, en 2000, SKEMA Business School, alors appelée CERAM, sur le campus de Sophia Antipolis.

En deuxième année, je me suis spécialisé en Audit et Conseil, l’une des premières spécialisations de ce genre en France à l'époque.

 

Pourquoi avoir choisi SKEMA ?

 

À l'époque, vers l'an 2000, j'étais à l'université et je souhaitais compléter mon parcours universitaire par des études en école de commerce qui offrait davantage de débouchés. J'ai alors décidé de passer les concours puis et visité plusieurs écoles partout en France.

Au départ, mon objectif était de me spécialiser en finance de marché, et SKEMA était la première école à proposer une telle spécialisation. De plus, le campus était doté d’une salle de trading, ce qui m'a beaucoup impressionné. J'ai également choisi cette école pour son emplacement sur la Côte d'Azur, qui représentait pour moi une belle opportunité de combiner études et qualité de vie.

Finalement, avant que je ne me spécialise, une nouvelle majeure en audit et conseil a été créée. La responsable du programme, qui était elle-même associée chez Deloitte, m'a parlé du métier avec enthousiasme et m'a donné envie de choisir cette spécialisation. Des années plus tard, j'ai eu l'occasion de la recontacter et de lui annoncer que j’étais à mon tour devenu associé chez Deloitte !  

 

Quels ont été les moments forts de vos études à SKEMA ?

 

Ils sont nombreux ! Dès mon arrivée, j'ai été ravi par l'état d'esprit de l'école, très différent de l'université. À SKEMA, nous étions encouragés à travailler en équipe et à nous impliquer dans des projets pratiques, très ancrés dans la réalité. L’un de mes souvenirs marquants est la semaine d'intégration, pendant laquelle j'ai rencontré des étudiants de nombreuses nationalités différentes. Nous devions réaliser des études de cas portant sur des grands acteurs de l’économie et, avec mon équipe, nous avons pu travailler sur le cas Kodak. L’exercice était très collectif et a débouché sur une soutenance devant des dirigeants de grandes entreprises telles que Microsoft et Cisco.

C’était vraiment impressionnant de naviguer dans ce monde innovant, si tourné vers l’humain et le collectif !

Le Bureau des Étudiants organisait aussi de nombreux événements et activités sociales qui rythmaient notre quotidien d’étudiant et qui renforçaient la cohésion.

De plus, les cours étaient très intéressants et les professeurs étaient issus du monde professionnel, ce qui était très enrichissant. 

J’ai vécu parmi les plus belles années de ma vie à SKEMA : cette expérience m’a beaucoup façonné. J'ai aussi développé de très belles amitiés, que j’entretiens encore aujourd’hui.

 

Comment s'est déroulée votre intégration dans le monde professionnel après vos études ?

 

Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai fait un stage chez Valeo à Paris en tant que contrôleur de gestion. Cette expérience m'a permis de comprendre le fonctionnement d'une grande entreprise et de confirmer mon intérêt pour le secteur du conseil. En 2003, je suis retourné en Tunisie et j'ai intégré le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) dans le département conseil. Là, j'ai travaillé sur des projets stratégiques, ce qui m'a donné une solide base pour la suite de ma carrière. Deux ans plus tard, j’ai rejoint un cabinet de conseil spécialisé dans l'urbanisation des systèmes d'information, Altime, premier cabinet spécialisé dans le conseil en Tunisie, qui intervenait principalement dans le secteur bancaire. Cette expérience a été cruciale pour moi car elle m'a permis de travailler sur des projets d'envergure et de développer des compétences spécifiques au secteur financier.

 

En 2013, après des années de développement, Altime Tunisie a rejoint le réseau Deloitte, leader mondial des services professionnels.

Aujourd’hui, je suis associé Advisory chez Deloitte Afrique francophone, avec un focus particulier sur la Tunisie et la République démocratique du Congo (RDC). Je partage ainsi mon temps entre Tunis et Kinshasa.

Nous accompagnons tous types de clients, publics ou privés, sur des sujets tels que la stratégie, les opérations, les systèmes d’information, le capital humain et la gestion des risques et de la conformité.

En l’espace de dix ans, nous avons connu une croissance extraordinaire, passant de 50 à plus de 400 collaborateurs pour les activités Advisory en Afrique francophone, et nous continuons sans cesse de nous développer.

Nos bureaux font partie d’un réseau : celui de Deloitte Afrique francophone, le premier du genre dans la région. Nous sommes le seul cabinet à incarner une synergie complète dans cette zone.

 

Pouvez-vous nous parler de votre rôle et de vos missions chez Deloitte ?

 

Mon rôle se concentre principalement sur le développement des activités. En tant qu'associé, j’ai plusieurs responsabilité : leader « Financial Services Industry » (FSI) pour toute l’Afrique francophone, leader Advisory FSI chez Deloitte Tunisie et également leader Advisory (tous secteurs confondus) chez Deloitte RDC. J'encadre des équipes travaillant sur de grands projets de transformation, notamment pour des régulateurs, des banques, des compagnies d'assurance, ainsi que des bailleurs de fonds et des institutions publiques et privées, y compris les gouvernements.

Je suis spécialisé dans la gestion de projets, la définition de stratégie, la stratégie et la mise en place des systèmes d’information, le capital humain, la transformation de la gouvernance et de l’organisation, la conduite du changement, l’efficacité opérationnelle, l’efficacité commerciale, la gestion des risques et de la conformité…

Je coordonne nos activités et utilise mon réseau pour accompagner mes équipes au quotidien. Nous travaillons sur des projets différents les uns des autres et à très fort impact, la transformation des grands acteurs financiers, l’appui au financement aux petites et moyennes entreprises, la refonte des systèmes de supervision et de régulation, l’accompagnement à l'entrepreneuriat des jeunes …

C’est un métier stimulant mais très exigeant, avec des journées variées et une nécessité constante d'innovation. En effet, les sujets abordés aujourd'hui, tels que la RSE, la data, et le digital, différents de ceux d'il y a 20 ans, sont désormais essentiels.

Je travaille avec des équipes multiculturelles. J’interviens beaucoup en synergie avec les bureaux du cluster Afrique francophone mais également avec les autres bureaux du réseau Deloitte à l’international.

De plus, mon quotidien implique de nombreux voyages : je passe environ 30 % de mon temps à Kinshasa et le reste à Tunis, en plus d’autres déplacements en Afrique et en dehors (une vingtaine de voyages par an).

 

Quels sont les défis liés au management interculturel ?

 

J'ai l'avantage de bien connaître les pays où j’interviens et les équipes que je supervise, car j’avais organisé par le passé plusieurs séminaires chez Deloitte Afrique francophone. Je connais donc très bien mes collaborateurs et mes associés, et réciproquement, ce qui m’a permis d'évoluer sur un terrain familier.

En termes de management, j'ai plus de vingt ans d'expérience, et les gens me connaissent pour cela. Mon style de management est plutôt souple, basé sur la proximité. Je suis très proche de mes collaborateurs et je leur donne beaucoup d'autonomie, tout en assurant un pilotage de leur travail. Je crois beaucoup en la responsabilité des gens : il faut savoir faire confiance. Mon rôle est ensuite de superviser, de réajuster si nécessaire, et de pousser les projets qui ont un réel intérêt sur le marché.

Notre activité est basée sur le capital humain. Il est essentiel d'avoir un management de proximité, d’effectuer un suivi régulier du travail des collaborateurs, et un encadrement efficace. Cela implique aussi de faire progresser les équipes en termes de compétences et de niveaux de responsabilité. J'insiste toujours sur l'importance de la progression collective : il est faux de croire que notre progression limite l'évolution des autres. Au contraire, il faut que tout le monde grandisse ensemble pour que chacun puisse évoluer individuellement.

 

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants ou jeunes diplômés de SKEMA qui souhaitent se lancer dans une carrière internationale ?

 

Je pense qu'il est essentiel d'avoir une grande soif d'apprentissage et de croire en soi. Personne ne naît consultant ou expert dans son domaine. Il faut accepter de prendre le temps d'apprendre.

L'évolution professionnelle se construit, ce n’est pas quelque chose qui arrive du jour au lendemain. Changer de travail constamment ne permet pas de bâtir une vraie carrière. Il faut se forger une personnalité, une histoire. Ce sont les personnes qui prennent le temps de grandir qui gagnent de la valeur, aux yeux de leurs collaborateurs et du marché.

 

Dans le métier du service, il est crucial de développer des qualités humaines. On ne peut pas réussir en adoptant une approche conflictuelle. Il faut créer de l'adhésion autour de soi, susciter l'intérêt des autres et chercher à faire progresser le collectif. Si le collectif progresse, alors chaque individu progresse également et trouve sa place. Il est également important de savoir se positionner et saisir les opportunités qui se présentent. Cependant, il ne suffit pas de les attendre : il faut aussi travailler dur.

Dans mon métier, je travaille et je voyage beaucoup, ce qui prend du temps et demande beaucoup d’énergie, mais c’est indispensable. Il n'y a pas de secret, il faut s’investir à fond !

 

Interview par lepetitjournal.com pour SKEMA Alumni