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Concilier business model viable et vertueux : Le Fourgon dépoussière la consigne !
Charles Christory (SKEMA 2008), co-fondateur et PDG Le Fourgon a été mis à l’honneur lors de l’évènement de relance du Club SKEMA Alumni Entrepreneurship le 8 février 2024 au Campus Cyber d’Euratechnologies de Lille !
Animée par les deux nouveaux ambassadeurs du club, Henri Bervick (SKEMA 2010), Fondateur de L'équipée verte et Justine Thiriez (SKEMA 2011), créatrice de Slowmod, cette table-ronde a mis en lumière le parcours entrepreneurial riche de Charles, lancé en 2008, après diverses expériences à l’international en tant que salarié.
La genèse de Le Fourgon
Après la création d’Adictiz (solutions SaaS d’animation de campagnes de jeux marketing) en 2008 au sein d’Euratechnologies, il se lance avec 2 associés dans l’aventure de Le Fourgon, il y a 2 ans ! Profondément engagé dans la RSE, attaché à l’impact qu’il peut donner au travers de son mode de vie et activité professionnelle, Charles nous a partagé la réflexion inhérente à la construction de son business model. Il recherche à allier la durabilité et la rentabilité, mais aussi les étapes de croissance, la gestion du développement RH (presque 300 salariés), l’essor commercial ou encore les potentielles difficultés et défis à relever !
Si vous n’avez pas eu la chance d’assister à cette conférence, nous vous proposons de retracer ensemble les temps forts de la soirée.
Première prise de conscience écologique
Charles débute cette conférence en nous dévoilant une volonté profonde, quelque peu motrice de son activité : avoir de l’impact. Il explique ses premières remises en question face aux clients d’Adictiz. « Je peux apporter plus ». Un constat franc, qui a découlé sur d’autres réflexions. Il évoque par la suite un coming-out de son mode de transport, une forme d’aversion pour la voiture. Une nouvelle vie à vélo qui lui donne aujourd’hui l’impression « d’être plus heureux, d’avoir plus de temps ». Une période charnière qui a fait naître chez lui ensuite l’envie de changer toutes les petites choses du quotidien avec lesquels il ne se sentait plus aligné.
Ayant 3 enfants et soucieux du monde qu’il leur laissera, Charles nous partage sa volonté de tout faire pour avoir « essayé ». Il ne souhaite pas transmettre un état d’esprit passif et impuissant à cette jeune génération. Selon lui, mieux vaut agir quitte à se tromper. « Une fois que l’on prend conscience du monde que l’on aura en 2100, on ne peut pas dire que ce n’est pas grave ». Sa mission : apporter une solution à son échelle.
Qu’est-ce que Le Fourgon ? Comment est construit son business model ?
Le Fourgon est un service de livraison de produits consignés gratuitement et dans la journée, fortement axé sur le local. Charles partage une anecdote qui fait écho à l’idée de la création du Fourgon. Il réalise un jour autour d’une bière avec son co-fondateur, la durée de vie insignifiante du contenant de celle-ci. « C’est comme si on jetait notre assiette à la fin d’un repas », partage-t-il comme métaphore plutôt parlante.
Grâce à son expérience, le postulat est le suivant : « soit on vise gros, soit on n’y va pas ». Les levées de fonds s’enchaînent alors pour atteindre les premiers objectifs, avec une volonté d’élargir l’offre le plus possible. Il parle alors d’une véritable nécessité.
Et en termes de rentabilité aujourd’hui ? Pour l’instant, seul leur premier entrepôt est rentable, les autres ne le sont pas encore. L’entreprise compte malgré tout environ 300 salariés à ce jour. Il nous partage le point d’honneur qui est mis sur le recrutement, avec un besoin de monter une équipe RH dès le début. Il nous dévoile également avec fierté que certains employés ont quitté leur poste pour rejoindre Le Fourgon, par éthique ou par ambition pour s’accomplir dans une entreprise qui a du sens. Les possibilités d’évolution sont réelles.
Charles souligne la problématique de faire ses courses dans un hypermarché aujourd’hui parfaitement comparable à Amazon, sur le principe de tout avoir à porter de main. Un modèle qui, selon lui, va mourir demain. Il visualise un modèle de consommation qui tend vers plus de frais, le drive et les petites structures. Il donne l’exemple de cette incompatibilité entre les actions écologiques et les hypermarchés : Carrefour a essayé de développer la consigne, ce qui a permis de décompter 6000 bouteilles par mois retournées. Un chiffre atteint par Le Fourgon en moins d’une heure.
Conseils et secrets internes
Le Fourgon c’est avant tout une solide vision managériale par site. Les équipes sont autonomes et responsabilisées, il y a une vraie culture d’entreprise. Le service client est un de leur point d’honneur : l’idée c’est de répondre tout de suite. Parmi les petites actions mises en place, il nous partage les kicks off qui ont lieu toutes les semaines, afin de transmettre les bonnes pratiques aux collaborateurs et les solliciter. La communication a également une place fondamentale, pour ne rien laisser au hasard et écouter les besoins de chacun.
Enfin, il évoque une valeur centrale : le plaisir. Charles ne conçoit pas de faire un métier que l’on n’aime pas. Une vision qui va dans le sens de l’écoute des besoins fondamentaux des collaborateurs, et du bien-être en entreprise.
Et dans 5 ans ? L’objectif du Fourgon est de couvrir 80 % de la population française, de mettre un pied à l’étranger, dans les pays limitrophes notamment, car il note un véritable besoin. Si l’on analyse le marché de la boisson, on compte 30 milliards d’emballages par an. En récupérer ne serait-ce que 2 ou 3 % est un objectif cohérent selon lui.
Les questions-réponses
Après avoir décortiqué avec nous son parcours, Charles a ouvert la parole aux invités pour une session de questions-réponses. Voici les quelques éléments clés qui en sont ressortis :
- Le fait d’avoir simplement une idée de projet ne vaut rien. Selon Charles, c’est l’exécution qui prime. Il faut confronter son projet concrètement.
- Quid de la « sustainability » et des metrics chez Le Fourgon ? On sait aujourd’hui que chaque cycle de réemploi d’un contenant permet une économie de 70 % de CO2. Une donnée qui rend optimiste quant à l’avenir de ces démarches responsables.
- À quand la livraison à Paris et région parisienne ? Le Fourgon rencontre 3 freins principaux à cela aujourd’hui. Tout d’abord une forte concurrence sur les services de livraison puis une problématique de livraison sur le plan géographique de la ville et enfin une problématique de logistique avec des appartements souvent difficiles d’accès, sans ascenseur, ainsi que la question de la fidélité sur ce périmètre. Cela n’enlève rien à l’objectif de conquérir cette zone.
- Comment convaincre les partenaires d’adhérer au concept ? Charles nous parle de l’effet « moutonnier ». Nous n’avons généralement pas envie d’être le dernier et d’avoir un train de retard sur des actions valorisées par les consommateurs.
- Le projet n’est-il pas dissonant ? Ne valorise-t-il pas finalement une autre forme de consommation ? Charles répond par la négative. Le Fourgon vise une substitution, non pas une augmentation de la consommation. Mais il est important de garder ces interrogations à l’esprit et de faire attention à cela pour ne pas tomber dans cette contradiction.
- Enfin, quel rapport avec Le Fourgon entretient-il avec l’IA ? L’entreprise utilise l’intelligence artificielle avec parcimonie, dans la pertinence sémantique du choix des produits dans un premier temps. Cela permet également d’apporter des réponses cohérentes en termes de service client à des heures où les équipes ne sont pas disponibles. Charles rappelle tout de même que l’IA « n’est pas là pour améliorer l’état de la planète ».
Il conclut son partage d’expérience avec un conseil : « Il faut se donner les moyens de changer les choses. Soit on prend l’initiative de le faire soit cela va s’imposer à nous. ».
Merci à Audrey Touyon, notre coordinatrice réseau et évènements Alumni, d’avoir organisé et introduit cette conférence.
Ne manquez pas les prochains évènements qui pourront booster votre carrière et vous permettre de rencontrer des experts passionnés et passionnants !