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Interview

Yue Qiao (SKEMA 2017), Responsable Marketing de INTERDEE

15 mars 2024 Interview

Diplômée de SKEMA MSc IMBD, Yue Qiao (SKEMA 2017) a poursuivi un cursus en gestion financière à l’Université Lille 2 et a obtenu une double licence de l’Université de Wuhan en Chine et de l’Université Lille 2. Elle travaille actuellement au service marketing de la marque française de mode féminine haut de gamme INTERDEE, et possède une expérience importante dans la gestion de restaurants. Elle est un KOL bien connu sur les réseaux sociaux, avec aujourd’hui plus de 320 000 followers sur Douyin et près de 160 000 abonnés sur Xiaohongshu. Rencontrons-la !

Vous avez commencé votre aventure dans les automédias au début de l’année 2021 et vous comptez aujourd’hui près de 500 000 followers sur différentes plateformes. Qu’est-ce qui vous a incité à devenir blogueuse ?


Je m’intéresse aux automédias depuis longtemps, bien avant que des plateformes comme Douyin n’existent. C’est sur des réseaux tels que Meipai et Yingke que j’ai découvert pour la première fois le streaming en direct et le contenu vidéo. À l’époque, j’étais simplement spectatrice et je n’ai jamais essayé de publier mes propres vidéos. J’aimais regarder les autres partager leur vie et documenter leurs activités quotidiennes. Avec l’émergence de plateformes comme Douyin et Xiaohongshu et la montée en puissance des automédias, j’ai commencé à me lancer dans la publication de courtes vidéos. Au début, je ne m’intéressais pas beaucoup au montage ou aux légendes. Si je trouvais quelque chose d’intéressant ou d’amusant, je le partageais directement sans trop me soucier de la stratégie. Cependant, pendant la pandémie, j’avais beaucoup de temps libre à la maison et je me donc suis inscrite par hasard à un programme de formation en ligne destiné aux influenceurs étrangers. Grâce à ce programme, j’ai obtenu des résultats impressionnants et cela a marqué le début de mon aventure dans les automédias.

 

Le succès d’un contenu viral peut reposer sur la chance dans une certaine mesure, mais le développement constant d’une communauté nécessite un travail minutieux. Avez-vous votre propre « workflow » pour la sélection des sujets, le tournage, le montage et la rédaction des légendes ? Comment avez-vous maîtrisé ces compétences ?

 

Depuis le début de mon aventure, je suis autonome sur tous les aspects, que ce soit la sélection des sujets, le tournage, le montage ou la rédaction des légendes. Selon moi, le plus important est d’observer et de penser de façon critique, car l’inspiration est cruciale. Alors que d’autres regardent des vidéos et passent à autre chose, je me demande souvent si un sujet en particulier se prête à un tournage et s’il correspond à mon style. Plus on investit de temps dans un domaine, plus on acquiert de connaissances. Une fois que j’ai trouvé l’inspiration, le processus de préparation du matériel, de tournage, de rédaction des légendes et de montage se déroule naturellement. Lorsque la vidéo je publie la vidéo, je suis très attentive aux réactions et aux commentaires de mes abonnés, et je cherche à obtenir du feedback afin d’adapter le sujet de la prochaine lorsque c’est possible. Je suis autodidacte et j’ai acquis ces compétences en utilisant des ressources en ligne pour apprendre les techniques de tournage, de montage et les stratégies opérationnelles. J’ai affiné ces connaissances avec une application et une pratique constantes afin d’en faire mon propre savoir-faire.

 

Avez-vous réfléchi à l’orientation future de vos réseaux sociaux ? Allez-vous vous concentrer sur une niche verticale en particulier ? Envisagez-vous une monétisation commerciale ?


Je vais continuer à me concentrer sur le domaine de la cuisine en général, en proposant des contenus tels que des découvertes de restaurants ou des recettes maison. Mon compte a toujours eu une orientation très verticale, avec un excellent trafic sur les dégustations de fromages, les créations culinaires liées au fromage, etc. Compte tenu de l’intérêt marqué de mes abonnés, je continuerai à créer du contenu en rapport avec le fromage. Depuis que des dizaines de milliers de personnes me suivent, je reçois régulièrement des invitations à faire de la publicité pour des marques. J’accepterai de manière sélective les opportunités publicitaires. Elles peuvent représenter des revenus allant de centaines à des milliers de dollars et pour quelqu’un qui n’est pas influenceur à plein temps, c’est considérable.

 

Quelle est votre routine de travail quotidienne depuis que vous avez rejoint le service marketing de la marque française de mode féminine haut de gamme INTERDEE en octobre dernier ?

 

Je suis actuellement responsable du département marketing d’INTERDEE. Mon travail quotidien comprend diverses tâches liées à l’automédia. Je gère notre compte vidéo WeChat et la plateforme Xiaohongshu, afin d’accroître la visibilité d’INTERDEE et promouvoir nos produits. Je dois notamment trouver des partenariats avec des influenceurs, coordonner les sessions de streaming, négocier les conditions, établir des mécanismes de collaboration et distribuer des liens vers nos produits. Je m’occupe également des comptes personnels du fondateur de la marque sur WeChat et Xiaohongshu, en aidant à la sélection du contenu, au tournage, au montage et à la publication des vidéos. Je suis aussi assistante de streaming, chargée d’aider à la sélection des produits, d’établir des liens entre les produits, et d’effectuer des évaluations post-streaming pour chaque session.

 

Avant cela, vous avez également acquis de l’expérience dans l’industrie agroalimentaire. Comment avez-vous abordé votre évolution de carrière ?


Avant cela, j’avais en effet acquis de l’expérience dans la gestion et l’exploitation du restaurant de mon mari. À présent, j’envisage de me lancer dans l’entrepreneuriat pour ouvrir mon propre restaurant à Paris. Je prévois de le promouvoir en ligne par le biais de mes réseaux, mais aussi par de la publicité physique. Mon objectif est d’introduire un nouveau concept de restauration en France en intégrant la promotion en ligne et la présence hors ligne.

 

Pendant vos années de licence, vous avez participé à un programme conjoint entre l’université de Wuhan et l’université de Lille 2 en France dans le cadre d’un programme 2 +3. Il s’agissait d’étudier le français pendant deux ans à l’université de Wuhan, puis de poursuivre des études en gestion financière à l’université de Lille 2 pendant trois ans. Qu’avez-vous appris durant ces années d’études en France ?


En tant que diplômée ayant étudié en France, j’ai acquis de nombreuses connaissances. Au-delà de la maîtrise des connaissances « académiques », j’ai surtout développé une personnalité indépendante et autonome. Avant cela, j’étais dépendante de mes parents à la maison et m’engager seule sur la voie des études à l’étranger m’a exposée à un environnement de vie, d’études et social complètement différent de celui auquel j’étais habituée dans mon pays d’origine. La capacité à voler de mes propres ailes a été mon plus grand épanouissement.

 

Les différences culturelles entre la Chine et la France ont été une autre prise de conscience profonde pour moi. En Chine, la vie se déroule à un rythme effréné où tout le monde est constamment pressé et occupé alors qu’en France, la vie est beaucoup plus lente. Les Français peuvent passer une demi-journée assis dans un bar, en terrasse, à siroter un café en regardant les passants. En vivant en France pendant une longue période, on adopte véritablement une mentalité paisible, où l’on se rend compte qu’il n’est pas nécessaire de se dépêcher tout le temps. Il est important de profiter de la vie quand l’occasion se présente.

 

Après avoir obtenu une licence à l’université Lille 2, vous avez été admis au MSc International Marketing and Business Development de SKEMA. D’après votre propre expérience, quelles différences voyez-vous entre les universités françaises et les grandes écoles de commerce ?

 

Lorsque j’ai étudié dans une université française pour ma licence, j’ai trouvé que l’atmosphère y était assez semblable à celle du lycée en Chine. Les cours sont essentiellement centrés sur les professeurs, les étudiants écoutent, font leurs devoirs et passent des examens à la fin du semestre. Il n’y a pas beaucoup d’interactions sociales avec les enseignants ou les camarades de classe ni de projets ou d’activités qui impliquent un travail d’équipe ou une collaboration. L’évaluation est principalement basée sur les notes obtenues aux examens. Personnellement, je n’ai pas apprécié cet environnement d’apprentissage et j’ai donc choisi une école de commerce pour mon master.

 

L’école de commerce a une atmosphère plus ouverte, avec de nombreuses présentations et des cours qui nécessitent des discussions de groupe. Les structures des cours sont très intéressantes et comportent parfois des activités telles que des travaux manuels, des dessins ou des expérimentations, ce qui rend l’apprentissage plus attrayant. 

 

SKEMA a également organisé diverses activités telles que des excursions en bateau sur la Seine à l’occasion de la fête de la mi-automne, des salons de l’emploi auxquels ont participé de grandes entreprises françaises, de grandes cérémonies de remise des diplômes, des séances de coaching en recherche d’emploi, des réunions avec des hommes d’affaires qui ont réussi, etc. SKEMA nous a même offert des billets pour des salons consacrés à l’innovation technologique tels que Viva Tech. Ces évènements ont grandement aidé les étudiants dans leur recherche d’emploi et le développement de leur carrière.

 

Au cours de votre master à SKEMA, y a-t-il eu des professeurs, des cours ou des anecdotes intéressantes qui vous ont marqué dans votre vie d’étudiant ?


La structure des cours à SKEMA était assez intéressante. Le directeur de notre master, Peter Spier, a été un professeur mémorable. Il rendait ses cours vivants et divertissants. Une fois, il nous a même partagé son hobby pendant les cours en diffusant un extrait d’un concert d’Hatsune Miku. C’était assez amusant de voir un professeur d’une cinquantaine d’années apprécier Hatsune Miku, cela crée un charmant contraste.

 

En tant que diplômé, quels conseils donneriez-vous aux actuels étudiants de SKEMA ?

 

C’est au moment de la remise des diplômes que l’on se rend compte à quel point la vie étudiante est précieuse. J’espère que les jeunes étudiants de SKEMA chériront le temps qu’ils passeront sur le campus. Pendant cette période de jeunesse et de dynamisme, explorez, apprenez et jouez davantage.

 

De plus, il est essentiel de planifier votre future carrière et de vous efforcer de la mener à bien. Par exemple, organisez des stages lors de chaque année universitaire pour préparer votre entrée sur le marché du travail, trouvez des emplois à temps partiel intéressants pour acquérir de l’expérience sociale développez des compétences utiles à votre future carrière.

 

Il est essentiel de prendre des décisions tôt, de s’orienter tôt et de réussir tôt.

 

Contact : Yue QiaoDépartement marketing de la marque de mode INTERDEE

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